Mise en scène Guillaume Clayssen
Avec Olav Benestvedt et Benoît Plouzen-Morvan
Assistant à la mise en scène Julien Crépin – Création vidéo Boris Carré – Photos Raed Bawayah – Création lumière Eric Heinrich – Costumes Séverine Thiébault – Scénographie Stéphanie Rapin – Construction du décor Bernard Gerest – Création en résidence à Lilas en scène.
Création sonore : Samuel Mazzotti
Jean GENET aspirait à la liberté d’être au monde. Son intelligence, son indéfectible empathie envers les apatrides, les exilés de la société n’ont pas été écornées par sa célébrité d’homme de lettres. Il se définissait avant tout comme poète. Sa poésie est scrutatrice de chaque point de l’aube, elle est vécue, elle a composé avec la douleur, la violence, la révolte à travers les barreaux d’une prison mais pas seulement. Son expérience intime est celle d’une conscience attachée à l’homme qu’il voit aussi bien enfoncé dans la boue que rayonnant.
Mince préliminaire pour saisir le titre de son livre posthume « Le captif amoureux » qui forme le récit autobiographique de son engagement politique auprès du peuple de Palestine.
Guillaume CLAYSSEN a réalisé un montage de textes à partir de ce livre de 600 pages, qui permet de façon substantielle d’accéder à ce long parcours intérieur du poète qui lutte avec lui-même, son inertie, sa dépression, pour rejoindre des frères au combat pour la liberté.
Faire entendre les voix d’hommes et femmes qu’il a côtoyés dans les pires conditions, celle de la guerre et ses atrocités notamment le massacre du camp de CHATILA à BEYROUTH, ne sert pas seulement la cause Palestinienne, cela sert toutes les voix qui s’indignent contre les barbaries de toutes guerres, injustifiables.
La voix du poète ne met pas du parfum autour de la fosse d’aisance, mais elle permet tout de même de relever les visages de ces hommes ensevelis sous leurs drapeaux, mais toujours conscients.
La langue de Jean GENET dans le « CAPTIF AMOUREUX » est déterminée, elle est forte et mesurée, sans ambages. Pour donner un espace à ses textes où l’on imagine Jean GENET mener aussi bien la charrue que les bœufs, à travers un champ désespéré, le metteur en scène s’est adressé à deux comédiens surprenants par leur présence physique, leur intensité.
L’un, Olav BENESTVEDT contreténor, s’exprime plus volontiers par le chant lyrique qui rejaillit douloureux, telle une lave d’émotion charnelle, bouleversante, l’autre Benoit PLOUZEN-MORVAN avec sa voix de baryton, devient le messager de corps du poète.
En fond de scène, quelques pensées de Jean GENET sont parfois projetées et c’est impressionnant d’éprouver comme elles flottent, comme elles sont présentes.
Des branchages bornent la scène, symbolisant peut être à la fois le feu et la forêt. Ils s’associent aux photographies de toute beauté projetées sans artifice.
Cette adaptation très sensible du « Captif amoureux » rend véritablement hommage au travail de Jean GENET qui mit des années à écrire ce « Captif amoureux » oh combien captivant. Il témoigne si bien aussi de nos difficultés à répondre présent dans un monde borné par tant de conjectures. Il est lumineux dans l’obscurité.
Un spectacle essentiel !!!
Paris, le 7 Décembre 2014 ,
Mis à jour, le 27 Janvier 2016 Evelyne Trân