NEMA de Koffi Kwahulé par la Cie Oui Aujourd’hui au THEATRE DU HUBLOT – 87 Rue Félix Faure 92700 COLOMBES Du 18 au 21 novembre 2015 et Du 25 novembre 2015 au 6 décembre 2015 au Théâtre de l’Opprimé, 78 rue du Charolais 75012, Paris. Du mercredi au samedi à 20h30, le dimanche à 17h.

  • affiche-nema_352009
  • Les 28 et 29 janvier 2016 au Théâtre de Fontenay-le-Fleury, Place du 8 mai 1945,78330, Fontenay-le-Fleury. A 20h30.

    Du 5 au 7 février 2016 au Pocket Théâtre, 36 boulevard Gallieni, 94130, Nogent-sur-Marne. Vendredi et samedi à 20h30, dimanche à 17h.

  • Mise en scène Marie Ballet
  • Assistée de Matthieu Fayette
  • Avec Marion Amiaud, Aurélie Cohen, 
Matthieu Fayette, Jean-Christophe Folly, Emmanuelle Ramu, Ombeline de la Teyssonnière
  • Avec le soutien de la DRAC Ile-de-France, de la Spedidam et de l’Adami

C’est vraiment une très belle écriture que celle de KOFFI KWAHULE d’une fluidité incroyable. Les mots, les phrases qui courent dans la bouche des personnages, qui circulent comme d’infinis rayons de lumière, donnent l’impression d’être suspendus dans l’air, d’en être les émanations . Très souvent, dans cette pièce NEMA qui est une anagramme d’Amen « une longue prière à la vie qui accompagne le troisième mouvement de la symphonie n°3 de GORECKI » , les personnages parlent comme dans un rêve, ignorant s’ils sont entendus.Ils parlent pour eux mêmes et leurs paroles flottent, crépitent telles les vibrations d’un grande vague, d’une histoire à partager. L’écriture de KOFFI KWAHULE nous dit la metteure en scène Marie BALLET, est inspirée du jazz.

Bien que les personnages soient bien définis, les répliques ne sont pas distribuées, ce qui laisse une grande marge à l’improvisation des comédiens et encourage la liberté de Marie BALLET, particulièrement créative.

Abordant un sujet très grave, celui des femmes battues, KOFFI KWAHULE a choisi de regrouper les nuances, les inconsciences des uns et des autres, des victimes et des bourreaux, pour un psychodrame collectif auquel peuvent prendre part des personnages aussi complexes, poignants que celui de NEMA, une domestique semble t-il aimée par son mari, un fleuriste qui ne cesse de lui apporter des bouquets mais également de la battre, exerçant naturellement son droit de cuissage, son droit de mari.

Qui aime bien châtie bien. Il faudrait mettre ce proverbe à la poubelle. Car c’est celui là dont se sert impudemment le mari . Et NEMA n’ose rien dire, cela fait partie de son quotidien, elle reste recluse dans la douleur, l’humiliation.Elle a aimé cet homme, elle a été choisie par lui comme épouse, ce qui est une marque de reconnaissance incroyable, alors pourquoi ?

Sa douleur muette draine d’autres souffrances, celles de sa patronne, une directrice d’agence, ambitieuse, qui à son tour est victime des vilenies machistes de son époux frustré professionnellement, et de sa belle mère jalouse.

Photo NEMA

KOFFI KWAHULE observe le mal qui se développe et c’est une baignoire à sabot, objet incongru, presque grossier, qui devient le lieu de rencontre des personnages, quasiment le foyer de leur inconscient, de leurs corps à corps.

Tout se passe sur le même plateau. La boutique du fleuriste, il n’est pas besoin d’imaginer ses murs, Nicolas les trimballe avec lui, de même les paroles des personnages suffisent à suggérer un salon ou une chambre à coucher. Concrêtement se distinguent la baignoire fétiche et cette drôle de personne aussi qui lit des petites annonces de cœur souvent très drôles.

La mise en scène inspirée de Marie BALLET met en évidence l’incohérence des comportements de ces couples qui jurent tout haut leur amour et se détruisent.

Le mal est là invisible. KOFFI KWAHULE dénonce sa sournoiserie dont seuls des objets telle qu’une baignoire pourraient être témoins ou des regards plus vigilants, capables de s’attarder sur les bleus muets des femmes battues.Il dénonce aussi les personnes comme la belle mère qui par leurs propos malveillants encouragent la répétition de ce mal.

En dépit de la gravité du sujet, l’écriture de KOFFI KWAHULE reste poétique, aérienne. La distribution est excellente et le beau personnage de NEMA est servi par une magnifique interprète, Marion AMIAUD.

Avec finesse, KOFFI KWAHULE et l’équipe de la compagnie Oui aujourd’hui, remuent la chair du psychisme des acteurs de ce drame NEMA, qui est aussi la nôtre inconsciemment ou pas . Un spectacle d’une grande sensibilité, vibrant !

Paris, le 22 Novembre 2015                                Evelyne Trân

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