Au théâtre de NESLE, à deux pas de l’atelier où Picasso créa son célèbre tableau GUERNICA, au 7 rue des Grands Augustins, a lieu une évocation étrange d’un épisode de la vie de PICASSO, en pleine occupation nazie.
Il y est question de trois tableaux de PICASSO confisqués par les nazis pour servir de matériaux à un autodafé d’œuvres dégénérées.
L’auteur de la pièce « Un Picasso » Jeffrey HATCHER réussit, c’est tout son art, à « faire marcher » les spectateurs aussi bien que son personnage Picasso autour de ce suspense concernant la condamnation à mort d’œuvres d’art, d’autant plus affreuse qu’elle concerne Picasso déjà célèbre et créateur de GUERNICA.
PICASSO pris au piège est sommé par une belle fonctionnaire nazie de choisir parmi 3 œuvres celle qui sera promise à l’autodafé. Ce sera l’occasion pour lui de défendre ses tableaux qu’il doit déclarer faux pour les sauver du feu.
Son interlocutrice, Mademoiselle FISCHER entend pousser jusqu’à ces derniers retranchements l’artiste PICASSO. Nous ne comprendrons véritablement pourquoi qu’à la fin de la pièce. Le dénouement est très émouvant.
Cette pièce originale, mise en scène par Steven ULLMAN et Natalia LAZARUS, ne manque pas de saveur et prend même des tournures érotiques. Jeffrey HATCHER parait fort bien renseigné sur la vie et l’ œuvre de Picasso. Nous nous étonnerons juste d’apprendre de la bouche de Picasso qu’Apollinaire homosexuel avait le béguin pour lui. Et pourquoi pas ?
Natalia LAZARUS, excellente, compose une Mlle FISCHER consumée de l’intérieur, bouleversante. Charles FATHY donne toute sa prestance au personnage Picasso .
Un très bon moment de théâtre où l’air de rien se dévoilent quelques pans de la personnalité de cet artiste et cela sonne juste tant il est vrai que Picasso hante encore ce quartier. Remercions ces Américains de nous le rappeler si joliment !
Paris, le 8 Novembre 2015 Evelyne Trân