Auteur : Lyle Kessler
Mise en scène : Sylvy Ferrus
Distribution : Etienne Ménard, Vincent Simon, Bastien Ughetto
Durée (mn) : 1h30
La violence n’est pas une fatalité, tel semble être le message de cette pièce qui se déroule comme un psychodrame très intense mettant en présence trois orphelins.
Deux frères Treat et Phillip vivent en huis clos dans la maison de leurs parents décédés, nous l’apprendrons au cours de la pièce, depuis de nombreuses années. Phillip le plus jeune se souvient à peine de ses parents, il est sous la tutelle de son frère aine Treat qui entend jouer le rôle de chef de famille.
Treat, un petit délinquant, en réalité est complètement immature, il s’est construit une identité de façade d’homme fort vis à vis de son frère et est devenu prisonnier de son personnage . Ses conflits internes, notamment le désespoir qu’il a éprouvé à la mort des parents, il n’a pas pu les exprimer. Dès lors, il semble avoir développé une névrose affective qui le conduit à terroriser et à séquestrer son jeune frère alors même qu’il l’adore. Phillip se comporte comme un enfant désemparé mais aimant qui accepte l’autorité de Treat, puisqu’il n’a pas d’autre repère. Son seul échappatoire est la télévision.
Treat ramène un jour dans la tanière une homme bizarre, complètement ivre, Harold. Découvrant que ce dernier est très riche, Treat décide de le prendre en otage pour obtenir une rançon.
HAROLD, personnage très étrange, va se comporter vis à vis de ces preneurs d’otage avec une bienveillance tout à fait déconcertante. ..
La pièce tient du polar psychologique. Elle ne donne pas de leçons, il n’y a pas d’explication satisfaisante. Les personnages évoluent dans un brouillard affectif désespérant, aveuglés, ils réussiront pourtant grâce à Harold à se tendre la main.
L’impact de la rencontre entre les deux frères et Harold, est exprimé de façon quasi irrationnelle. Les personnages ont le langage sourd et muet de l’inconscient . Ils se retrouvent sur la même charnière entre la vie et la mort.
La mise en scène de Sylvy FERRUS relève les contrastes de chacun des protagonistes. La violence physique, l’énergie désordonnée des deux frères s’émoussent face à un Harold, toujours très attentif, imperturbable.
Cette présence d’Harold énigmatique, imposante, charmeuse aussi, est exprimée de façon remarquable par Étienne MENARD.Vincent SIMON, Treat et Bastien UGHETTO, Phillip sont également très impressionnants.
Nous pourrions croire vu le thème de la pièce avoir affaire à un mélo du style « Sans famille » d’Hector Malot, mais rien de tel. L’auteur Lyle KESSLER concentre son sujet sur les arcanes mystérieuses de ces trois orphelins, en véritable explorateur d’abîmes humains.
La metteure en scène et les comédiens ont mis en œuvre tous leurs talents et leur passion pour cette pièce passionnante, saisissante, véritablement percutante ! Ils font résonner cette phrase si rare et si juste «Tous les hommes ont besoin d’être encouragés un jour ou l’autre ».
Paris, le 17 Octobre 2015 Évelyne Trân