De Wael Kadour (Syrie), texte français de Wissam Arbache et Hala Omran dirigée, par Véronique Bellegarde, avec Louise Coldefy, Odja Llorca, Stéphane Varupenne et Gérard Watkins. Musique Vassia Zagar.
“La femme est l’avenir de l’homme” . Comment ne pas se souvenir de la voix chaleureuse de Jean FERRAT chantant Aragon, même les lèvres pincées, légèrement endeuillées par l’annonce “Le petit chat est mort” . Molière n’y est pour rien pourtant. Dans « les petites chambres” de Wael KADOUR, le destin de la jeune femme syrienne parait irrémédiablement gelé. Elle est garrottée par des lois tutélaires, notamment celle du frère, qui lui interdisent d’espérer un mariage d’amour. Curieusement l’homme qui lui rapporte les indices d’une vie meilleure, est également un barbon.
Et pourtant, il parait bienveillant, il se présente comme ami, frère, confident, il entend encourager la jeune femme recluse, condamnée à veiller un père agonisant, à s’émanciper. S’agit-il d’un contre sens ? L’homme se révélera machiste vis à vis de sa propre femme, et la jeune fille bien loin de la sainte nitouche naïve. Il est vraiment question de survie dans cette pièce. Pour ne pas se perdre les uns les autres, l’homme qui cherche la femme, la femme qui ne croit plus en l’homme, doivent se trouver des points d’appuis qui vont au delà des souricières de lois archaïques, ils doivent s’apprendre à parler en posant leurs sentiments sur la table. Entre l’homme mûr, assis socialement et la jeune fille pauvre et recluse, quelque chose se passe qui n’est pas de l’ordre de la pitié, de la convenance, qui marque un désir d’alignement sur le plan humain, existentiel, dépassant les frontières sociales et sexuelles. En ce sens, il s’agit d’une pièce très riche, très humaine par ailleurs remarquablement interprétée.
Paris, le 31 Août 2015 Evelyne Trân