direction artistique : Michel Risse
artistes : Jérôme Bossard, Damien Boutonnet, Gonzalo Campo, Stéphane Marin, Emeric Renard
aides à la création : Ministère de la culture et de la communication / DGCA, SPEDIDAM, ADAMI, Le Moulin Fondu – CNAR
de Noisy-Le-Sec, L’Abattoir – CNAR de Chalon-sur-Saône, La CCAS, La Paperie – CNAR de Saint-Barthélemy d’Anjou, La
Coopérative de rue et de cirque à Paris, Le Parapluie – CNAR d’Aurillac, Le Réseau Déambulation. Décor Sonore est une
compagnie aidée par le Ministère de la culture et de la communication, la DRAC d’Ile-de-France, la Ville de Paris, la Région
Ile-de-France et la SACEM.
http://www.decorsonore.org
Nous l’avons descendue la Via Mensa à VENARIA, un soir d’été , un soir de fête, surpris et gagnés par les mouvements de la foule, forêt clairsemée, clignotante, d’hommes, de femmes, de bambins, de poussettes pour assister à cet événement curieux, le concert des réverbères, des balcons, des antennes sur les toits, des poubelles…
Comment donc est ce possible ? Sommes nous en train de rêver ? Deux pimpantes petites filles qui trônent dans leur poussette, roulent des yeux. Font-elles partie du spectacle ? Nous suivons leur regard, intrigués . Un bonhomme de blanc vêtu, s’agite au dessus d’un petit toit sur la place, il fait de la musique en tapant sur des antennes tandis que plus près de nous un homme en habit sombre pianote sur un chariot. Sorcellerie sonore ? Nous connaissions les cracheurs de feu, nous découvrons les détecteurs de sons, capables d’hypnotiser tous ces objets réels qui n’attirent plus notre attention tant ils sont banals pour leur tirer sinon les vers du nez, leur vérité sonore.
Le musicien et le réverbère Photo E.Trân
Vous ne croyez pas une poubelle capable de faire de la musique et bien vous vous trompez. Il suffit qu’elle soit envoûtée, séduite par un de ces sorciers musiciens pour qu’émue d’avoir été choisie, touchée, caressée, elle puisse composer sa propre sérénade.
Les concepteurs d’Urbaphonix sont de véritables animistes, ils recréent en milieu urbain ce qui est l’apanage des cérémonies dédiées aux ancêtres et aux esprits dans les villages africains, par exemple.
L’esprit de la musique entend se manifester là où on ne l’attend pas. “Objets inanimés, avez vous donc une âme ?” se demandait, il y a 150 ans, le poète Alphonse de Lamartine.
La manifestation dionysiaque et populaire organisée par la Compagnie DECOR SONORE a pour but de réunir dans un même élan musical aussi bien les habitants de VENERIA, les touristes que le lieu lui même.
L’oreille est appelée à saisir, presque à l’improviste, les correspondances inouïes souterraines entre des objets familiers, des fenêtres, des balcons, des portes, les grilles du château de VENERIA et les soupirs, les attentes du public car la musique, est-il besoin de le rappeler, ne naît pas de rien. Elle se nourrit d’émotions aussi bien visuelles, tactiles, qu’inopinées.
C’est aussi bien un concert de sensations qui se fraient un chemin dans l’esprit des témoins, jeunes et moins jeunes, curieux et familiers, d’ici et d’ailleurs, qui savent seulement qu’ils sont là pour participer à une manifestation musicale d’objets de la rue, inédite et unique. C’était le 25 Juillet 2015. Les enfants plus que les adultes sensibles à la magie, se souviendront de cette cavalcade de sons dans la via Mensa de VENERIA REALE quand les objets se sont mis à voler en éclats musicaux comme dans un tableau de Chagall !
Paris, le 28 Juillet 2015 Evelyne Trân