Festival TEATRO A CORTE – INTIMITATEN par la Compagnie MEINHARDT ET KRAUSS – CREATION – TEATRO ASTRA à TORINO les 23 et 24 Juillet 2015

intimitaeten 04

conceptrice : Iris Meinhardt
vidéo : Michaêl Krauss
musique : Thorsten Meinhardt
dramaturgie : Anni Boden
http://www.meinhardt-krauss-feigl.com

C’est une dame vêtue d’une de ces robes en crinoline imposante et aérienne du 16ème siècle qui monopolise la scène. S’est elle échappée d’une vitrine des antiquaires, ne supportant plus d’être admirée comme une poupée intouchable ?

La belle dame s’accroupit devant un grand livre du moyen âge qu’elle parcourt intensément. Il s’agit peut-être du livre de la connaissance qui foisonne de questions-réponses sur l’être humain. A l’aide d’un micro caméra, la dame ausculte son propre corps, elle l’explore, elle le fouille, le découvre  comme s’il s’agissait une contrée inconnue.

Elle est étrangère pour elle-même, conditionnée par son apparence mais elle s’évertue à se troubler elle-même.

Elle se cherche, il n’est pas sûr qu’elle se trouve. Tout le déploiement de la technique, tous les livres et même un miroir peuvent il rendre compte de son instant présent sur scène quand elle flotte, rêve, poursuit son reflet, son double dans un miroir.

Avec son visage de  Pierrot lunaire, la dame en crinoline donne l’impression de jouer comme une enfant . Le  micro camera devient une sorte de pinceau qui repêche dans le désordre le bric à brac de son anatomie, en passant par son oreille, sa gorge, en misant sur l’étrangeté d’un grand œil ouvert qui s’accroche au bas de sa robe.

Son inventaire intrusif n’est pas si extraordinaire, il peut évoquer aussi bien Arcimboldo que Picasso ou Cocteau. L’intérêt nous semble t-il , c’est qu’au fur à mesure de ses investigations, cette dame nous apparaisse plus humaine, plus légère. Il est vrai aussi  qu’elle n’hésite à pas soulever ses dessous . Songeons qu’il n’y a pas si longtemps, les femmes de la bourgeoisie se baignaient avec leurs jupons. Avaient elles le droit de se regarder toutes nues ?

La robe en crinoline peut bien symboliser le carcan de la condition des femmes sur plusieurs siècles.

Conte à dormir debout d’une belle dame qui se mire dans le miroir aux alouettes des apparences avec une mélancolie mystérieuse et charmante qui pourrait en faire un personnage de  poème de  Verlaine ou de Nerval.  

Car Iris MEINHARDT explore un imaginaire très féminin. Beaucoup d’artistes femmes ressentent la nécessité de s’approprier une identité bluffée par le regard des hommes, en littérature, en peinture, au cinéma. Tant pis pour les redites, mais eh oui, pendant des siècles, seuls, les artistes hommes se sont exprimés imposant une image idéalisée de la gente féminine qui résonne aussi comme un carcan.

Alors, comment ne pas être émus par le rêve de cette femme devant le grand livre ouvert de la connaissance, explorer avec avidité et la maladresse d’une pionnière, ce que cela veut dire « Etre femme  »  dans la région des peut-être et des apparences .

Turin, le 25 Juillet 2015                       Evelyne Trân

 

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s