concept : Gob Squad
performer : Johanna Freiburg, Sean Patten, Damian Rebgetz, Tatiana Saphir, Sharon Smith, Berit Stumpf, Sarah Thom,
Bastian Trost, Simon Will / performer in Torino : Sean Patten, Tatiana Saphir, Bastian Trost, Simon Will
vidéo design : Miles Chalcraft (Kathrin Krottenthaler)
sound design : Jeff McGrory (Torsten Schwarzbach)
coordinateur technique & lighting design : Chris Umney (Max Wegner)
costumes : Emma Cattell & Kerstin Honeit
réalisation scénographie : Lena Mody
Dramaturgie et Gestion de la production : Christina Runge
adjoint artistique : Sarah Sarina Rommedahl (Mat Hand, Lena Mody)
les stagiaires : Sarah Sarina Rommedahl, Sophie Galiber
Gob Squad management : Eva Hartmann
touring management : Mat Hand
http://www.gobsquad.com
Le compte à rebours a été lancé, des chiffres défilent à une vitesse vertigineuse sous les yeux du public, tandis que la compagnie GOB SQUAD en habit d‘Eve et d’Adam courent de façon endiablée sur la scène. Enfin l’horloge, après plusieurs pauses pour signaler quelques événements de l’histoire de l’humanité, s’arrête au chiffre fatidique puisqu’il s’agit de l’année 2015.
Les membres de la troupe enfilent quelques habits strass, quincaillerie des artistes du music hall ou de cirque, pour devenir animateurs d‘une représentation impromptue qui fera appel à la bonne volonté du public.
En dépit de leur apparence complètement hirsute, déjantée, les membres de la compagnie GOB SQUAD sont très sérieux. Nous nous demandons s ‘ils ne se prennent pas pour des apprentis sorciers fascinés par les pouvoirs de la technologie. Si celle-ci ne cesse d’accoucher de gadgets comme ces vidéos d’amateurs qui envahissent internet, ou le selfie, ce phénomène a certainement ses raisons d’être. Une raison, un motif humain, cela va de soi.
Pendant une performance d’une heure trois quarts, la compagnie GOB SQUAD s’emploie à démontrer comment une petite vidéo insignifiante qui filme une fête de famille anonyme, réunie autour d’un karaoké peut être réalisée in live .
Néanmoins pour figurer une famille anonyme, représentative de la western société, il convient d’évaluer les figurants susceptibles de rentrer dans le tableau, à travers des grilles de questions drôles ou plus attendues, du genre : penchez vous du côté de Madonna ou de la Madone, d’Obama ou de Poutine. Questions anodines qui prennent le pouls de la bonne conscience d’une western société.
Quelques personnes du public, cueillies au hasard d’un lancer de peluches, avec une bonne volonté extraordinaire stimulée par la gentillesse de la Cie GOB SQUAD, se prennent au jeu et deviennent les acteurs d’une vidéo sans doute éphémère mais très souriante.
Les commentaires volubiles des animateurs bateleurs des temps modernes rappellent les talk show télévisuels. La démonstration qui se veut très conviviale a des grumeaux de farce parodique.
La Cie GOB SQUAD qui est tombée dans la soupe médiatique comme Obélix dans la potion magique, finit par y repêcher quelques énergumènes vivants, en chair et en os, dont l’un aura cette pensée incongrue « J’ai envie d’être seul ».
Est-il possible d’échapper aux pouvoirs de l’image ? Y a t-il une place pour le simple, le prosaïque, l’homme primitif, dans un monde où ses habitants réagissent immédiatement aux stimulations d’un téléphone portable mais peuvent rester insensibles aux personnes qui se trouvent juste à côté d’eux ?
Que sommes nous en train de regarder peuvent se demander certains spectateurs, une vidéo quelconque reprogrammable à l’infini, les gens qui y participent sont ils vivants ? La caméra qui reproduit sur l’écran ce qu’elle filme en direct sur la scène juste derrière, grossit les visages, les postures, les attitudes, de sorte que lorsque ladite caméra laisse la place aux personnes, ces dernières apparaissent beaucoup moins lumineuses, et beaucoup plus falotes.
Il suffit donc d’un projecteur pour se croire le temps d’une apparition la vedette virtuelle d’une vidéo ?
La proposition de la Compagnie GOB SQUAD qui transforme la scène en véritable laboratoire avec quelques cobayes, des personnes du public, volontaires, ne manque ni de drôlerie, d’entrain et de pertinence mais comme toute expérience scientifique, elle pèche néanmoins par sa longueur. Puisse la Cie GOB SQUAD songer au reste du public, cloué sur de sièges, qui assiste impuissant aux interactions entre les artistes et les cobayes figurants. Juste un peu plus brève, élaguée de certains commentaires répétitifs, cette cour de rècrèation n’en sera, de notre point de vue, que plus efficace et impressionnante !
Paris, le 24 Juillet 2015 Evelyne Trân