SOUS LA GLACE DE FALK RICHTER – Mise en scène Vincent DUSSART – Du 4 au 26 juillet / Avignon Off 2015 au Théâtre des Lucioles – 10 Rue Rempart Saint-Lazare, 84000 Avignon –

SOUS AL GLACE BISDe Falk Richter

Traduit de l’allemand par Anne Monfort

L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté http://www.arche-editeur.com.

Mise en scène Vincent Dussart  Scénographie & lumières Frédéric Cheli

Costumes Vincent Dussart & Mathilde Buisson

Création sonore & musique live Patrice  Gallet

Avec Xavier Czapla,  Patrice Gallet, Stéphane Szestak, Ingénieur du son & Régie Joris Valet

Production & communication Caroline Gauthier,  Administration Sophie Torresi

P.S. : Vincent DUSSART était  invité à  l’émission « Deux Sous de Scène » sur Radio Libertaire 89.4, en 1ère partie le Samedi 20 Juin 2015 (en podcast sur le site grille des émissions R.L.).

 Nous vivons dans un monde où l’individu est sommé de vivre dans un perpétuel décalage avec lui-même parce qu’il doit s’adapter à une sorte de surmoi sociétal censé exprimer le  dénominateur commun .

 Un enfant aussitôt né doit être apte à s’adapter au système éducatif qui l’attend. C’est encore le système économique qui veut ça. De sorte que les dispositions individuelles particulières sont gelées au profit des plus communes. Le mot  même de naissance devient un mot creux.  Il faut le dire tout net, un enfant qui naît n’est pas libre. L’être humain considéré comme un produit, ce n’est pas nouveau. Les hommes préhistoriques avaient ils la notion d’égo, de personne ? A l’époque des fusées, de la spectaculaire avancée technologique, est il possible que la  conscience de soi ait rejoint l’ère glaciaire des mammouths ?

 Qu’est ce donc que ce lui même ? Un flop probablement, une sorte de souvenir infantile d’un individu qui jouissait enfant de pouvait laisser couler la bave de sa bouche  sous les applaudissements de ses parents « Ah qu’il est mignon ! » Quelle chance, le bébé est muet, certes il peut hurler mais on ne l’entend pas traiter ses parents d’imbéciles .

 Voila des considérations  quelque peu choquantes, qui peuvent venir à l’esprit en découvrant la pièce « Sous la glace » de Falk RICHTER  un auteur allemand qui raconte l’effroyable solitude d’un homme consultant dans une entreprise d’audit qui  flatte son égo de quille flambant neuf avant de le jeter.

 La perspective est très personnelle car l’auteur met en rapport la solitude existentielle d’un homme déjà emmuré enfant, avec la solitude qu’il va connaitre au sein de la boîte qui l’exhorte à la performance,  exerçant sur lui une pression insoutenable.

 Ces collègues se démènent comme des robots déjantés qui débitent à longueur de journée les slogans de l’entreprise. Le héros en question s’appelle Jean Personne ce qui revient à dire qu’il n’a pas d’identité. Quand l‘horizon d’un homme se borne à la conscience primaire de son entreprise qui ne l’entend pas comme ne l’entendait pas sa propre famille, Jean Personne titube, s’allongeant dans la flaque d’un rêve cauchemardesque, celui de la chute d’un chat lancé par la fenêtre.

 sous-la-glace_gauche

La mise en en scène de Vincent DUSSART, la scénographie et lumières de Frédéric CHELI  ainsi que la création sonore et musique live de Patrice GALLET magnifient superbement la dimension fantastique du cauchemar de Jean Personne. Trône au centre de la scène un ourson géant qui laisse dubitatif . Cet ourson, ce hochet de l’enfance, cet automate joujou se rapproche t-il du robot sans âme de façon inéluctable ?

  Il faudrait fouiller dans la conscience de Jean Personne  pour comprendre ce qui s’y passe . Jean Personne est-il retombé en enfance tel un vieillard sans avenir ?

 Pourtant les corps des trois consultants bougent, s’expriment avec sensualité, manifestant leur énergie, leur vitalité. Quel gâchis alors, pensons nous en observant ces  trois hommes en pleine force de l’ âge se conduire comme des marionnettes avec pour seul interlocuteur un leurre, un robot ?

 Nous avons froid dans le dos. Cela dit, Xavier CZAPLA interprète de façon très naturelle ce Jean Personne, coincé entre deux acolytes consultants qui se la jouent, Patrice GALLET et Stéphane SZESTAK, fort convaincants.  Le contraste est violent mais très efficace.

 L’écriture de Falk RICHTER est violente. L’auteur entend dénoncer ce qui broie dans leur chair des individus tels que Jean Personne, la culture d’entreprise, le management, Cela dépasse la démonstration, c’est exprimé en terme de vécu, de ressenti de façon à affermir cette idée, que nous avons tout à gagner humainement à écouter des  paroles dites isolées.

 Voilà un excellent spectacle, saisissant visuellement, furieusement  parlant, puisqu’il s’agit du vertige d’un individu piégé entre deux monstres dominants, l’ourson géant de son enfance,  et la boîte vampire qui l’emploie.

 Paris, le 5 Avril 2015, mis à jour le 23 Juin 2015         Evelyne Trân

 

 

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