Composé par Mikaël Hirsch et Emile Brami à partir de textes de Marcel Proust et Louis-Ferdinand Céline.
Mise en scène, scénographie et lumières : Ivan Morane
Décor et costumes : Lucie Albugues
Avec
Silvia Lenzi – musicienne
Ivan Morane – comédien
Et Eugénie Marcland
Avec la voix de Marie-Christine Barrault
Durée : 1 heure 10Idée judicieuse s’il en est que celle de faire se rencontrer à leur insu, deux monstres de la littérature française, PROUST ET CELINE.
Au cours de leur existence, les deux écrivains ont disséminé dans des correspondances, des confidences sur leurs mères et grand-mères respectives.
Une génération sépare CELINE de PROUST, l’un est né en 1871, l’autre en 1894. Cette distance n’est pas vraiment importante. Par contre, l’on découvre par les voix d’Ivan MORANE qui passe de CELINE à PROUST avec une aisance remarquable, des différences sociales qui éclairent quelque peu les personnages.
PROUST est issu d’un milieu grand bourgeois, raffiné et cultivé. CELINE avait pour mère une petite commerçante, qui avait beaucoup de mal à joindre les deux bouts. Son enfance s’est déroulée dans une ambiance proche de la pauvreté.
Le contraste entre ces deux univers est presque comique. L’assemblage des lettres est si bien réussi que l’on a l’impression, parfois, que les deux écrivains se répondent. Et très curieusement, de fil en aiguille, des ressemblances immergent qui font que CELINE qui parait au premier abord brutal, se révèle particulièrement émouvant lorsqu’il parle de la mort de sa mère, et se rapproche de PROUST, qui bien au delà de sa préciosité, pouvait être cinglant.
Les voix de CELINE et de PROUST se retrouvent dans l’intimité, elles paraissent à la fois venir de très loin et parfois au contraire vouloir s’ imposer pour répéter à l’infini l’amour pour leurs mères.
La très fine musicienne Silvia LENZI enrichit l’atmosphère intimiste mais très vivante de ses interventions musicales au violoncelle, viole de gambe, percussions, accordéon.
Une jolie hôtesse sert le repas au comédien qui passe d’un bout à l’autre de la table. Nous pourrions nous croire par association dans une scène de table tournante qui fait parler les morts.
Avec une certaine malice et un plaisir évident, Ivan MORANE jongle avec PROUST et CELINE. Nous aurions pu craindre un spectacle scolaire. Il n’en est rien, les deux écrivains dans ce spectacle nous livrent des confidences qui nous touchent par leur humanité, leur authenticité.
Vraiment, nous recommandons ce spectacle original, drôle et émouvant qui entrelace les voix de PROUST au CELINE vers la cime de l’arbre, le sentiment et le rêve, qui les rapproche de nous avec générosité et la ferveur de ceux qui croient aux vertus de l’écriture et des lettres, naturellement.
Paris, le 3 Février 2015 , mis à jour le 23 Juin 2015 Evelyne Trân