Compagnie Dairakudakan – « LA PLANETE DES INSECTES » – Chorégraphie, direction artistique et interprétation : MARO AKAJI à LA MAISON DE LA CULTURE DU JAPON du 11 au 13 Juin à 20 Heures puis du 18 au 20 Juin à 20 Heures
Chorégraphie, direction artistique et interprétation : Maro Akaji
Crédit photo Chris Randle VIDF2015 Pièce pour 22 danseurs
Nous n’en avons pas conscience mais les relations sont plus étroites que nous le pensons entre les insectes et les hommes. Qui n’ a pas été frappé en observant un papillon dans une vitrine de pouvoir reconnaître son origine géographique. Par effet de mimétisme, sans que l’on puisse déterminer qui de l’homme ou de l’insecte a déteint sur l’autre, nous pourrions dire par exemple qu’en Chine, tous les papillons ont l’air asiatique.
Mais les insectes ont fait leur apparition sur terre, il y a 400 millions d’années, bien avant les hommes (apparus il y a seulement 7 millions) nous rappelle Akaji MARO, le chorégraphe de la Compagnie DAIRAKUDAKAN créée en 1972.
A vrai dire, si nous faisons abstraction de notre supériorité humaine, nous pourrions en nous observant à la louche reconnaître que nous avons vraiment l’air d’insectes. Corporellement, nous sommes simplement un peu plus gros qu’eux.
Disciple de Tatsumi HIJIKATA et de Kazuo ONO , les fondateurs du bûto, Akaji MARO fonde ses chorégraphies sur trois piliers : « La collecte des gestes du quotidien, le corps matrice, le corps espace ».
Quoique l’esthétisme ne fasse pas partie des préoccupations des danseurs du bûto – lesquels sont encouragés à « laisser aller » leurs corps à s’exprimer comme s’ils étaient adeptes à leur façon du cri primal – les tableaux, notamment le premier, impressionnent par leur beauté.
Davantage que les costumes d’insectes, ce sont les visages blancs des danseurs, poignants, douloureux qui attirent le regard. Curieusement dans cette chorégraphie, les insectes ont l’air de se prendre pour des hommes et ces derniers pour des insectes.
Akaji MARO respire ou retient son souffle d’auteur de science fiction qui verrait l’insecte supplanter l’homme, pour accueillir le poète errant Matsuo BASHO compositeur de plusieurs haïkus sur les insectes. Mais que vient faire le poète dans cette galère où les hommes et les insectes ne cessent de se battre ?
Il suffit de se souvenir du rêve de papillon de Tchouang-Tseu qui rêva qu’il était papillon pour comprendre celui de Akaji MARO. Ne danse t-il pas avec toute la présence d’esprit d’un insecte ?
A l’issue du spectacle qui s’est déroulé comme une longue rêverie pleine de turbulences, rythmée aussi bien par la musique électronique de Jeff MILLS que par la flûte mélancolique de Keisuke DOI, quel bonheur de songer que nous avons emporté avec nous quelques visions de ce rêve sublime, celui de voir des hommes s’exprimer comme des papillons. Âmes sensibles s’abstenir, certaines scènes sont aussi expressives que des tableaux de GOYA !
Animatrice radio sur Radio Libertaire (depuis 2008) . - Chroniqueuse pour le blog
"Théâtre au vent" sur le site Le Monde.fr (de fin 2010 à juin 2019), puis sur le site theatreauvent.com et sur le Monde libertaire.fr (depuis 2019). Auteure avec Jean-Marie Blanche de Francis Blanche, mon père aux Editions Plon (2011) , Auteure du livre Mon cher enfant aux Editions du Net (Septembre 2022) et de Nouvelles radiophoniques aux Editions du Net (Octobre 2022).
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