de Goran Stefanosvski
traduit du macédonien par Maria Béjanovska
avec le soutien de l’Union européenne
et du ministère de la Culture de la République de Macédoine
mise en scène Dominique Dolmieu
dramaturgie Daniel Lemahieu – régie Antoine Michaud
avec
Céline Barcq, Alain Carbonnel,
Géry Clappier, Fabrice Clément,
Franck Lacroix, Tristan Le Doze,
Barnabé Perrotey, Salomé Richez
et Clara Schwartzenberg
Quand les auteurs contemporains français doivent remuer ciel et terre pour faire jouer leurs pièces de théâtre, nous ne pouvons qu’applaudir le travail de la Maison d’Europe d’Orient qui se préoccupe de faire sortir de l’ombre des auteurs vivants de l’Europe du sud, en traduisant et publiant leurs textes .
Né en Macédoine en 1952, Goran STEFANOVSKI l’auteur de la pièce « CERNODRINSKI revient à la maison » est un écrivain voyageur conscient de cette lumineuse relativité du temps et de l’espace. Il n’empêche, la date de publication de cette pièce coïncide avec celle de l’indépendance de la Macédoine en 1991.
CERNODRINSKI (1875-1951) considéré comme le fondateur de théâtre macédonien fait figure de porte flambeau des libérateurs de la Macédoine. Dramaturge, auteur de nombreuses pièces dont les Noces de Sang macédoniennes , sa troupe itinérante a parcouru la Bulgarie et la Macédoine Ottomane au siècle dernier qui a connu les guerres des Balkans et de Yougoslavie.
CERNODRINSKI est devenu un mythe dans la mémoire collective des Macédoniens, il surgit dans les conversations souvent inconsciemment.
STEFANOVSKI a donc eu l’idée d’introduire ce personnage comme facteur invisible de lien social dans une myriade de petits sketches d’une saveur très éclectique . Tourbillonnant voyage dans les années 1900 au cours duquel, les spectateurs auront même la chance de rencontrer Tristan TZARA en piteux poète et André BRETON.
La plume de STEFANOVSKI agit comme un faisceau, chacun de ses sketches oscille dans l’intervalle de la pose et du flash. Procédé surprenant mais très rafraîchissant .
Comment une personne absente en l’occurrence très connue, peut-elle s’insinuer dans la vie d’individus qui eux ne se connaissent pas du tout, dans toutes sortes de situations, dramatiques ou ubuesques ? Prises de vues au-dessus ou par dessus le passé ? Le passé est à venir . Dans des instants d’émotions fortes, les protagonistes n’ont ils pas parfois la sensation d’être observés par un spectateur invisible, et si ce spectateur existe et assiste à nos scènes comprend-il de qui on parle et pourquoi nous nous agitons tant ?
Dans le va et vient d’une conversation, il y a des tours de cache cache entre passé et présent qui procurent ce plaisir spécial de la curiosité. Et c’est ce plaisir là qui préside dans la pièce « CERNODRINSKI revient à la maison ».
Au cours de la pièce, les interprètes en véritables caméléons endossent chacun plusieurs rôles avec une rapidité étonnante. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le metteur en scène Dominique DOLMIEU et tous les comédiens font de la pièce de STEFANOVSKI un joli feu d’artifice qui nous éclaire, nous emporte là bas en Macédoine ou ailleurs, retrouver notre propre CERNODRINSKI.
Si donc le cœur vous dit de voyager, nous ne pouvons que vous exhorter à aller faire un tour à La Maison d’Europe et d’Orient, découvrir cet étonnant voyageur dans le temps et l’espace, le dramaturge Goran STEFANOSKI .
Paris, le 14 Juin 2015 Evelyne Trân