De : Julie Aminthe
Mise en scène : Dimitri Klockenbring
Avec : Jean Bechetoille, Olivier Faliez, Fanny Santer, Marie-Céline Tuvache
Scénographie : Dimitri Klockenbring en collaboration avec Alice De Sagazan
Lumière : Xavier Lescat
Son : Clement Roussillat
Voila un joli de titre de pièce qui annonce d’emblée son contenu. Ceux qui imagineraient un bonbon à l’intérieur de sa belle papillote, goûteront avec un certain plaisir sa substance acidulée.
Cela dit, au théâtre, quand il s’agit de parler de famille, mieux vaut oublier les petites sagas familiales , et les petits sketches publicitaires dont nous abreuvent les programmes télévisuels.
La petite famille dont nous dresse le portrait Julie AMINTHE, n’est qu’un petit échantillon de notre humanité, brassé à l’air du temps, plusieurs fois passé à la machine à laver, rincé, séché puis suspendu avec des pinces à linge .
Le père, c’est du tissus un peu raide, qui croit aux vertus du repassage. La mère, employée de ménage dans la vie et au foyer, a tellement été essorée qu’elle pourrait se promener toute nue, ses habits ont définitivement déteint sur sa peau. Quand à la fille et le garçon, les deux adolescents, ils s‘habillent n’importe comment, soit parce que la machine à laver est en panne, soit qu’il leur vient une furieuse idée de quitter le terrain, le doux mais étouffant nid familial.
Le sauve qui peut, l’amour, la tendresse invoquée par la mère aimante, s’hérissent au coin de la table à repasser qui brûle …
Pathétique drame familial ordinaire qui voit la mère se raccrocher à un lambeau de paradis perdu, son joli idéal de famille aimante, et le père faire le grand écart pour continuer à faire bonne figure sous le regard sans pitié de ses morveux d’adolescents.
Où et comment les plombs sautent dans une petite famille ! Le metteur en scène Dimitri KLOCKENBRING sait ménager l’électricité dans l’air pour une belle odeur de roussi qui substantialise chacun des personnages s’offrant le spectacle de leur propre déconfiture.
Joli pâte de sable familial au bord de la route, au bord de la rigole, avec chardon, pissenlit, mauvaises herbes et belle rose piquante.
C’est drôle, ça émoustille les pieds nus comme l’ortie blanche au seuil de la porte et donc ça a l’effet des belles saignées du temps de Molière.
Sur le bord de la fenêtre, regardez bien les plantes qui sourient au soleil. Au théâtre, leurs interprètes font mouche, de façon sublime comme Marie-Céline TUVACHE en mère tendre, en posture pince sans rire comme Olivier FALIEZ, le père, et avec des airs déjantés et foutraques tels Fanny SANTER et Jean BECHETOILLE en adolescents paumés.
En résumé, un spectacle en guise de thérapie familiale, fort bienvenu !
Paris, le 23 Mai 2015 Evelyne Trân