PS : Sophie PAREL était l’invitée de l’émission « DEUX SOUS DE SCENE »sur Radio Libertaire 89.4, le Samedi 24 Janvier 2015 (enregistrement conservé).
Auteur : Tchekhov
Mise en scène : Sophie Parel
Avec : Philippe Collin, Roger Contebardo, et, en alternance, Sophie Parel et Céline Perra
Durée : 1h15 – Jusqu’au 31 Janvier 2015 –
A partir du 4 Février au 2 Mars 2015
Voilà deux farces d’Anton Tchekhov écrites dans les années 1888-1889, qui mettent en scène des personnages ruraux qu’il connait bien, d’une part par ses racines, son grand père ayant été serf, d’autre part pour les avoir côtoyés en tant que médecin.
Si ces pièces n’ont rien perdu de leur fraicheur c’est que Tchekov met le doigt sur les points le plus sensibles de la nature humaine, d’un point de vue universel, l’argent et le sexe, l’instinct de propriété et le désir amoureux.
Ces personnages qui paraissent avoir le porte-monnaie bien accroché au cœur, débordent d’une telle vitalité qu’ils en deviennent sympathiques.
A vrai dire Tchekhov parait presque fasciné par leur indécrottable combativité comme s’il assistait à des combats de coqs et de poules dans un poulailler. Dans la Demande en Mariage, pour une histoire de lopin de terre, les trois protagonistes n’hésitent pas à en venir aux mains, à perdre la raison que la loi du mariage pourtant veut bien leur offrir.
Dans L’Ours cependant, l’homme venu réclamer une dette à une veuve finit par oublier la raison de sa colère devant le refus de la dame, soudainement ébloui par ses atours.
Quand le sexe l’emporte sur l’argent cette matière périssable, n’est-ce pas !!!
Tchekhov laisse ses personnages s’exprimer comme des beaux diables ou belle diablesse. Il suffit de si peu de choses pour les faire sortir de leurs gonds, mais il est amusant d’observer qu’un petit rayon de soleil, l’amour, peut adoucir leurs mœurs. Vraiment mémorable cette scène où l’on voit la veuve inconsolable succomber à ses désirs charnels dans les bras de l’ours.
C’est de bon sens, cela a des tripes, cela manque certes de politesse car vraiment ils sont mal élevés ces paysans, ils se chamaillent de la façon la plus grossière, ils ne sont pas sortables. Mais ils sont humains de la façon qu’on appelle un coq, un coq. Ils donnent leurs lettres de noblesse aux insultes, aux injures qui en libérant les humeurs, rafraichissent l’esprit. En somme ces farces constituent un merveilleux traité des bienfaits des querelles et indispensables scènes de ménage entre homme et femme.
Le spectacle de ces deux farces peut bien se passer de commentaires. Il suffit d’écouter les gloussements de rire du public pour comprendre qu’il est heureux d’être piqué à vif à l’estomac. L’on dit que les animaux ne savent pas rire, TCHEKHOV nous prouve le contraire, allons, osons le dire, l’homme aussi est un animal à sang chaud.
La mise en scène de Sophie PAREL orchestre avec couleur et vivacité le mouvement des personnages. Les trois comédiens excellents donnent l’impression de bouillonner dans une cocotte-minute, galopant sur le pinceau d’un TCHEKHOV qui parle de joie de vivre toujours avec une ironique tendresse.
Un moment de théâtre à déguster sans modération !
Paris, le 3 Janvier 2015 Evelyne Trân