Écriture, mise en scène et jeu : Justine Martini, Nelly Morgenstern, Elsa Rozenknop
Doublure : François Nambot
Lumières : Kévin Briard
Vous avez égaré votre carte d’identité de chômeuse, on vous l’a volée et votre curriculum vitae avec, pas de panique, pour rentrer dans la vie active, récitez-vous ces vers de Francis BLANCHE, grand philosophe devant l’éternel, tirés de cette chanson « Les frites avec les doigts » :
Faut pas manger la vie avec les doigts
Faut pas ronger la vie avec les dents
Faut dire PARDON MERCI et S’IL VOUS PLAIT
Faut dire BONJOUR … et puis MERDE
Quel rapport entre le THREE WOMEN SHOW et ce trublion de Francis BLANCHE ? L’humour bien sûr et cette capacité de renverser les situations qui vous tapent sur les nerfs en patatras et boum badaboum.
Puisqu’il faut user du jeu des convenances dans la vie et essayer de s’engouffrer dans chacune des portes d’un tourniquet impitoyable, qu’à cela ne tienne, trois comédiennes font surgir sur le plateau tournant pas moins d’une trentaine de personnages qui illustrent cet axiome « la vie n’est qu’une comédie ».
Evidemment l’une d’elles joue franc jeu parce qu’elle a décidé d’être actrice. Ses partenaires auraient pu lui rétorquer qu’elle n’avait pas besoin de faire profession de comédienne pour jouer dans la vie.
Le parcours de combattante de cette actrice est de nature à décourager nombre de prétendants à la profession d’artiste dramatique, parce qu’on ne rigole pas dans cet univers, les humiliations sont fréquentes. Il faut ronger son frein et s’il l’on rêve de jouer Chimène, rétrécir ses ambitions et nourriture oblige, savoir se transformer en lapin au parc d’Astérix, ou se mettre à genoux pour obtenir un rôle dans une publicité.
La satire des castings est particulièrement délicieuse. Celle de la metteure en scène qui traite ses comédiens comme des marionnettes est ahurissante. Il y a aussi ce dialogue de sourds avec Pôle emploi, frémissant de vérité.
On ressort du spectacle légèrement éméché, tourbillonné, car ce trio de comédiennes ne laisse aucun répit aux spectateurs, elles ont la niaque. Quand au final, elles arrivent sur scène avec leurs chaussures de ski, on se souvient avec allégresse de la chanson » En passant par la Lorraine, avec mes sabots, j’ai rencontré trois capitaines, avec mes sabots dondaine… » Et on rit, on rit de bon cœur !
Paris, le 19 Octobre 2014 Evelyne Trân