Avec Mansour Bel Hadj, Julien Jacob, Charly Labourier, Olivia Lamorlette, Solen Le Marec, Amandine Marco et Violette Mauffet
Traduction André Markowicz, Scénographie et création décors Michel Ferry, Création costumes Melisa Leoni, Masques et prothèses Amélie Madeline et Oriane Poncet, Création lumière Jérôme Dejean et Anna Giolo.
Trois contes d’Andersen, le Porcher, la Princesse au petit pois et le Roi nu, ont fait courir la plume d’un auteur Russe du début du 20ème siècle, Evgueni SCHWARTZ. Nous ne connaissons pas grand-chose de la vie de cet écrivain qui écrivit une bonne douzaine de pièces pour les enfants et les adultes. En 1934, lorsqu’il écrivit le ROI NU, soulignons tout de même que la liberté d’expression n’était pas au beau fixe. La pièce fut interdite durant une dizaine d’années.
Il faut dire que dans cette pièce, il se moque allègrement des détenteurs du pouvoir en mettant en scène leurs ridicules.
De nombreuses piques émaillent une histoire loufoque où l’on voit un porcher tomber amoureux d’une princesse promise à un Roi moche, et imbécile.
Avec les 48 personnages qui peuplent la scène, ministres, volailles, cochons, poètes etc., le propos de SCHWARTZ devient hyperréaliste, car les spectateurs découvrent avec bonheur les affinités de la gente humaine avec la gente animale.
Fermière avertie, Léa SCHWEBEL jette ses graines dans un poulailler géant où tout le monde caquette, s’agite, sans répit.
Ses graines euphorisantes permettent aux 7 comédiens de la compagnie TUTTI QUANTI d’endosser avec une vitalité peu commune, la peau de tous ces personnages.
Outre, le propos politique, l’intérêt du spectacle c’est d’assister aux transformations successives des artistes, à bâtons rompus, comme à des tours de magie.
Avouons que le spectateur doit affuter son regard pour dénouer le fil de la trame sous peine d’avoir l’air béat comme le Roi nu interprété par Julien JACOB à ce point burlesque qu’il en devient attendrissant.
Quand on pense que SCHWARTZ créa un ministère des tendres sentiments et qu’une poète figurait dans son gouvernement imaginaire, seul notre esprit critique nous dissuade de justifier le comportement de ce Roi nu, modèle de mauvaise foi de tous nos politiques.
L’on rit de bon cœur de la pertinence ou impertinence de SCHWARTZ, heureux d’avoir pu contempler notre face de Roi nu, à l’envers ou à l’endroit.
Une leçon de politique divertissante, où enfin la poésie a son mot à dire, véritable petit pois sous une quinzaine de matelas. Prenez-en de la graine, messieurs, mesdames, les politiques.
A notre sens, la leçon est jouissive mais elle gagnerait à être allégée, juste pour permettre à nos pensées poussives de reprendre haleine. Cela dit, la compagnie TUTTI QUANTI joue avec un tel naturel, qu’elle parfume nos petites peaux mortes d’un gant à crin, fort perspicace.
Paris, le 18 Mai 2014 Evelyne Trân