De Manuel Piolat Soleymat et Razerka Ben Sadia-Lavant Librement inspiré de Othello le Maure de Venise de William Shakespeare Conception et mise en scène Razerka Ben Sadia-Lavant Dramaturgie Razerka Ben Sadia-Lavant et Alexandre de Ganay Scénographie Laurent P. Berger Accessoires Jane Joyet Costumes Razerka Ben Sadia-Lavant et Eric Martin Lumière Jaufré Thumerel Chorégraphie des combats Reda Oumouzoune Chorégraphie Teresa Acevedo et Alexandre Théry Musique Mehdi Haddab et Sapho
Assistants à la mise en scène Soline de Warren et Alexandre de Ganay
Avec : Teresa Acevedo, Disiz, Clovis Fouin,Alexandra Fournier, Denis Lavant, Reda Oumouzoune, Claire Sermonne, Alexandre Théry,
Chant Sapho, Oud Mehdi Haddad
Razerka BEN-SADIA-LAVANT et Manuel PIOLAT SOLEYMAT se sont réapproprié la tragédie d’OTHELLO dans le dessein de la faire résonner aujourd’hui. Que l’intime et le politique puissent être liés, cela s’entend chez SHAKESPEARE. Schématiquement, le politique est représenté par IAGO, l’intime par OTHELLO, deux personnages qui ne sont absolument pas sur la même longueur d’onde. De là à en déduire que tous les politiques ont quelque chose à voir avec IAGO et qu’OTHELLO se trouve dans la situation de l’étranger, il y a de la marge.
La sensation d’être étranger effectivement se situe au cœur de l’intime. C’est une sensation qui peut être vécue aussi bien négativement que positivement. Parce que s’il existe des xénophobes, il existe aussi des humanistes qui sont trop heureux de rencontrer des étrangers dans leur propre pays.
Purs français sans une goutte de sang étranger et « impurs français » se retrouveront pour parler d’amour ou de haine parce qu’il s’agit de sentiments universels. Othello c’est tout de même l’archétype de l’homme jaloux, possessif et malheureux, Desdémone, l’archétype de la femme amoureuse et soumise. Leurs malheurs sont compréhensibles et même si on peut qualifier de barbare l’attitude d’OTHELLO, il commet un crime qualifié de passionnel.
La passion nourrit les fantasmes, l’imaginaire érotique et la jalousie. Cela dépasse si bien l’intellect qu’IAGO, le méchant, a le champ libre pour semer le mal. A cet égard, dans le spectacle si l’on ressent bien la perversité de ce personnage, l’on perçoit moins la passion violente qui unit OTHELLO et DESDEMONE.
Sur scène sont réunis le rappeur DISIZ, un champion du monde de taekwondo, des danseurs, des comédiens, la chanteuse SAPHO, le musicien Mehdi HADDAB qui apportent chacun la richesse propre à sa culture et son art.
La voix chaude et vibrante de SAPHO et la musique de Mehdi HADDAB évoquent les lamentations d’un chœur antique conscient du malheur qui va se produire. Sur scène DISIZ est un Othello effectivement vulnérable, pathétique face à un IAGO diabolique et malgré tout fascinant sous les traits de Denis LAVANT qui possède la malice d’un Jules BERRY.
Desdémone est campée par la belle Alexandra FOURNIER et Emilia la femme de IAGO, interprétée joliment par Claire SERMONNE laisse passer un souffle féministe.
Un spectacle au parfum oriental, secoué de danse et musique rock, qui fait également écho au rap avec la présence de DISIZ. Un spectacle suffisamment habité pour devenir explosif au fil des représentations et ses rencontres avec le public.
Paris, le 24 Septembre 2013 Evelyne Trân