Maman me dit d’écrire un poème. mais je n’ai que 4 mots en tête : papillon, prière et carnaval…A vrai dire je ne sais pas compter. Le 4ème mot, il sort de l’égout, il a la forme d’un scarabée d’or. C’est la faute de ma sœur, ah la malheureuse, elle avait fait tomber une pièce dans l’égout et ma mère l’avait grondée.
Le scarabée d’or a la couleur rouille d’une plaque d’égout mais je ne suis jamais allée dans les égouts. Je crois bien que le scarabée qui s’est échappé de ma mémoire, a beaucoup joué avec ses pattes avec la pièce de ma sœur. Comme j’étais contente de voir que la pièce n’était pas plate et qu’elle dansait à l’envi, à l’envi avec son cavalier.
Le scarabée d’or venait de la forêt, il a demandé à ma mère un poème alors ma mère nous a envoyés ma sœur, mon frère et moi chercher des mots, parce que parait-il, ils poussent comme des champignons, dans la forêt en automne.
Sous un tas de feuilles, j’ai trouvé le mot prière et ma sœur en grimpant sur un marronnier a trouvé le mot trésor et elle a l’a posé sur le tas de feuilles. Nous n’osions pas le toucher, il brillait, il nous impressionnait. Alors mon frère a dit qu’il fallait le cacher et l’oublier parce qu’un trésor c’est pas fait pour être regardé, que c’était comme une fleur, que ça pouvait grandir mais à l’abri des regards, la nuit par exemple.
Mon frère a trouvé un mot inconnu, très mal écrit sur un bout de papier extrêmement mince : marmot. Il nous a fait rire aux éclats.
Finalement ma sœur a écrit le mot : maman.
« Prière, trésor, marmot, maman » cela ne faisait pas beaucoup de mots, mais nous nous sommes attelés à la tâche. Nous avons peint tous ces mots sur une belle carte postale et sommes allés à la rencontre de notre mère. Elle discutait avec le scarabée d’or. En nous voyant, elle a souri et le scarabée d’or aussi a eu l’air content et j’ai crié « Papa ! ».
Paris, le 5 Mai 2013 Evelyne Trân