avec Véronique VELLA, Cécile BRUNE, Florence VIALA, Françoise GILLARD, Elsa LEPOIVRE, Serge BAGDASSARIAN, Stéphane VARUPENNE, Jérémy LOPEZ, et les musiciens Benoît URBAIN, pianiste, accordéoniste I Philippe BRIEGH, saxophoniste,clarinettiste, violoniste I Florence HENNEQUIN, violoncelliste I Hervé LEGEAY, guitariste I Stéphane VARUPENNE, tromboniste.
Instant privilégié, rêve d’ouate et de luxe, écrin géant où se mettent en place sur le taffetas rouge, dans leurs beaux costumes, des figurines dansantes sur la rivière d’eau dormante de leur magicien. Tous les rêves sont permis avec Boris Vian, et l’écrin géant, c’est un peu touchée par la grâce, une jolie grappe de comédiens tels des fruits de mer débordant d’une corbeille de chansons.
La première impression, c’est qu’ils sont trop beaux, trop chics, tous ces personnages pour parler la langue de Boris VIAN, le bohème, le désargenté.
D’un coup de langue dans un verre de champagne, à vrai dire, le metteur en scène Serge BAGDASSARIAN se risque de façon trompe l’œil, dans tous les manèges de son mentor avec une innocence éblouie.
Un train d’images folles, intrépides, bouillonnantes, farfelues, mélancoliques, boulimiques, romantiques, ouvert au vent d’une musique espiègle, raffinée , déjantée. Stéphane VARUPENNE en oublie même son trombone lorsqu’il s’agit de jouer à même les mots la complainte du consommateur quelque peu enhardi par son élégante et suave partenaire Elsa LEPOIVRE.
Qu’ils rivalisent de talent, ces comédiens et musiciens, c’est peu dire. Le bouquet de chansons choisies par Serge BAGDASSARIAN, marie toutes les couleurs avec une prédominance pour la couleur violette, celle du sentiment. « Barcelone » chantée par Elsa LEPOIVRE vous laisse quelques griffures, au coin du cœur, oh douceur de l’évanescence ! Comment ne pas être renversé par l’interprétation de « La marche turque de Mozart », si fruitée, douce-amère et coquine de Véronique VELLA .Boris Vian n’eût pas voulu crever sans l’entendre parler son poème « Je voudrais pas crever » car il est dingue, dingue d’amour pour la vie.
Boris Vian faisait feu de tout bois parce qu’il était pressé, pressé par l’amour. Il avait l’humeur chaude, mélancolique, sensuelle. C’était un touche à tout bizarre, et surtout des femmes qu’il sait si bien faire grimper aux arbres avec « Johnny fais-moi mal » et « Une bonne paire de claques dans la gueule »
Et puis on n’est pas sérieux quand on s’appelle Boris Vian, qu’on tire aux cartes avec ses chansons et on a même le droit de tricher. La seule règle c’est de prendre du plaisir et de se donner à fond.
Le bonheur des comédiens et des musiciens, oiseaux chanteurs, secoue si bien l’arbre imaginaire de Boris Vian, que tous les spectateurs à l’issue du spectacle auront l’impression d’avoir à portée de main, à portée de cœur, leur propre tirelire de chansons, un véritable petit trésor.
Paris, le 25 Mai 2013 Evelyne Trân