LA TEMPETE DE William SHAKESPEARE, mise en scène de Philippe AWAT au Théâtre d’IVRY ANTOINE VITEZ – 1, rue Simon Dereure 94200 IVRY du 13 Mai au9 Juin 2013

Mise en scène Philippe Awat traduction et adaptation Benoîte Bureau assistante à la mise en scène Magali Pouget effets scéniques Clément Debailleul compagnie 14:20 espace scénique Benjamin Lebreton lumière Nicolas Faucheux assisté de Fabrice Guilbert création musicale Victor Belin et Antoine Eole création sonore Emmanuel Sauldubois création costumes Pascale Robin assistée de Marine Bragard maquillages et coiffures Nathy Polak travail corporel Véronique Ros de la Grange
avec Thierry Bosc, Mikaël Chirinian Xavier De Guillebon, Laurent Desponds, Benjamin Egner, Malik Faraoun Serge Gaborieau, Florent Guyot, Pascale Oudot ,Jean Pavageau, Angélique Zaini

 La Tempête,  dernière œuvre de Shakespeare, est une tragi-comédie fascinante, portée de bout en bout par une réflexion sur la condition humaine, très ouverte.

 Prospéro, un mage vieillissant y incarne toute la suffisance d’un homme doté de pouvoirs surnaturels, un demi-dieu en quelque sorte, qui ébloui par ses pouvoirs finit par comprendre qu’ils n’apportent pas de réponse à ses questionnements sur la nature humaine.

 Par désir de vengeance à l’encontre d’un frère qui a usurpé son royaume, aidé par Ariel, l’esprit de l’air, il orchestre la tempête qui fera échouer sur son île, son frère, le roi de Naples et quelques napolitains.

 Le cauchemar que vont vivre ces personnages est symptomatique de la misère morale et spirituelle de petits hommes qui se débattent comme des insectes pris au  piège. Prospéro les considère tous avec mépris, dont le bât va le blesser dès lors qu’il devra examiner le sort de sa propre fille, Miranda à qui il entend donner pour époux Ferdinand, le fils du roi de Naples.

 Thierry BOSC infuse tout son aspect humain au personnage de Prospéro, exprimant les déchirements d’un homme vieillissant (Comme le Roi Lear) qui sait que le glas va bien sonner. Il lui faut redevenir solidaire de la misère des autres humains.

 A cet égard, Caliban, demi-monstre, superbement joué par Florent GUYOT, configure le personnage le plus humain de la pièce, il est à la fois le plus enchainé, esclave de Prospéro, et le plus libre parce qu’il peut parler à partir de sa propre expérience, sans avoir recours à aucun pouvoir qu’il soit surnaturel ou livresque. C’est un poète hypersensible, capable physiquement d’être en symbiose avec la nature, alors même qu’il est désigné comme un monstre et qu’il se conduit comme tel.

 La 3ème figure emblématique de la pièce c’est Ariel, un esprit de l’air. Pascale OUDOT lui donne toute sa densité aérienne. C’est un esprit  secourable qui n’a d’autre réalité que celle d’être entendue, appelée. C’est Ariel qui respire au bout de chaque branche, au bout de chaque feuille, bourgeons d’humains que ne peut s’empêcher d’invoquer Prospéro.

 » Nous sommes faits de la matière dont les rêves sont faits et notre petite vie court du sommeil d’avant la naissance à celui de la mort ». fait dire à Prospéro,  Shakespeare.   Cette réflexion qui parait incontournable, n’empêche pas de vivre et d’accepter d’être le jouet d’illusions car dans le mot illusion, il y a l’idée de la lumière, du jour, et quand bien même les humains ne seraient pas les auteurs de leurs rêves, ils les vivent.

 La dimension fantastique, féérique de cette épopée humaine est fort bien agencée par le metteur en scène qui privilégie cependant l’aspect cauchemardesque,  en plongeant la scène dans une obscurité, très pesante,  celle-là même, s’ils en étaient vraiment conscients, que devraient soulever chacun des protagonistes pour devenir cette brèche humaine qui dialogue avec l’univers.

 Car Shakespeare décrit des êtres à la fois prisonniers des autres et d’eux-mêmes, qui n’ont d’autre lumière que celle de leurs désirs et Prospero n’échappe pas à la règle puisque sa motivation première est la vengeance.

 La scénographie fait naturellement appel à la magie et la vision d’un Ariel flottant en l’air est très impressionnante.

 La couleur noire de la mise en scène pourrait faire penser à certains tableaux de Soulages. Sous l’enclume, le texte tellement exaltant de Shakespeare d’un point de vue philosophique et poétique, peine parfois à respirer.

 Cela dit, les spectateurs retiendront de ce spectacle, sans conteste, de superbes tableaux, où les figures de Prospero, Caliban et d’Ariel se détachent de façon toute shakespearienne, véhémente, tragique, avec toujours cette note de comique et d’humour qui est la marque de tendresse de Shakespeare pour ses personnages.

 Paris, le 18 Mai 2013         Evelyne Trân

 

 

 

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