Traduction de Zabou Breitman et Léa Drucker – Mise en scène Régine Achille-Fould
avec Yves Arnault et Charlotte Blanchard, Albertine Villain-Guimmara
du 28 Novembre au 19 Janvier 2013 à21 Heures
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Une jeune femme fait irruption sur le lieu de travail d’un homme mûr, après 18 ans d’absence. Nous assistons rapidement à une sorte de duel entre les deux personnages : la femme fanfaronne passant à l’attaque, l’homme plutôt lâche, restant sur la défensive.
Au fil des escarmouches entre les deux personnages, les spectateurs doivent se rendre à l’évidence : 18 ans après les faits, la femme vient demander des comptes, ses comptes à l’homme qui l’a abusée sexuellement quand elle avait 12 ans.
Pendant tout le déroulement de la pièce, à vrai dire, les rapports entre les deux personnages témoignent d’une étrange ambivalence. La femme a conscience d’être victime mais elle ne peut oublier qu’elle a été amoureuse de cet homme. Quant à ce dernier, il laisse entrevoir un sentiment de culpabilité mais se retranche également sur le fait qu’il était amoureux.
Comme l’indique, la note d’intention de Régine Achille-Fould, les spectateurs ne peuvent échapper au trouble de cette situation. Il n’est plus question pour eux de célébrer la Lolita de Nabokov, ni de se souvenir d’Annie Girardot, tellement humaine dans le film d’Alain Cayatte « Mourir d’aimer » qui relate l’histoire d’amour entre un professeur et son élève.
Cette pièce traite de la pédophilie dans un drame psychologique où l’amour rêvé, idéalisé ne peut masquer la réalité : l’homme bien qu’il s’en défende est un pédophile dangereux. Il n’y a pas d’autre issue aussi bien pour lui que pour la victime que de le dénoncer.
Comment se mettre à la place des deux personnages liés dans leur chair et leur vécu par ce drame, marqués au fer rouge ? L’aspect passionnel ressort manifestement de leurs échanges. C’est une pièce maitresse du drame, mais en même temps, cet étrange sentiment d’entrer dans l’intimité de ces êtres humains, perdus, au fond du gouffre, donne le malaise.
A cet égard, l’interprétation des deux comédiens est réussie. La mise en scène ne renchérit pas sur le mode du pathos .L’homme apparait usé, sans ressorts, ordinaire en quelques sorte, quand à la jeune femme, il semble qu’elle n’a pas réussi à atteindre l’âge adulte, sa virulence cache une détresse palpable mais toujours évacuée, ne serait-ce que par son interlocuteur, empêtré dans sa défense.
Des ordures jonchent le sol de la scène du Paradis, pour mieux souligner sans doute l’aspect sordide de la relation de ces deux êtres qui rament pour survivre.
Réaliste, la mise en scène sert justement le propos de David HARROWER : dénoncer la pédophilie jusqu’au bout, sans fleurs, ni couronne.
Paris, le 1er Décembre 2012 Evelyne Trân
Dommage de révéler ce qui devrait être découvert par le spectateur durant la pièce… Cela coupe l’envie de la voir!
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Je ne suis absolument pas d’accord pour faire du suspense avec un sujet aussi grave.
Nous ne sommes pas dans un thriller. Je ne vois pas l’intérêt de tourner autour du pot. L’auteur dénonce la pédophilie mais ce n’est pas non plus l’unique propos de la pièce , l’intrigue psychologique passionnelle est bien présente et repose sur le jeu des comédiens .
Les spectateurs n’ont vraiment pas besoin de suspense pour s’intéresser à cette pièce difficile. le coup de théâtre de la fin, on peut très bien l’éprouver même si on sait de quoi parle la pièce .
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