L’AMANT de HAROLD PINTER – Traduction Gérard Watkins – au Théâtre de l’Aktéon 11 rue du Général Blaise 75011 PARIS du 30 mars au 2 juin 2012 les vendredis et samedis à 21h30

 DISTRIBUTION :

mise en scène
Alexandra Dadier
avec : Fabienne Alice Dubois, Laurent Schteiner

Le théâtre de l’AKTEON n’est pas bien grand. Il  fait penser à une petite ruche enfouie sous le feuillage d’un arbre. D’ailleurs, il jouxte un square. Les spectateurs qui s’y rendent apprécient sa modestie parce qu’ils savent qu’elle est souvent gage de qualité. Ces spectateurs qui tels des insectes recroquevillent leurs ailes et dressent leurs antennes pour écouter leurs congénères sur scène.Parce que l’on va souvent au théâtre avec l’espoir d’apprendre quelque chose sur soi et sur les autres.

 Un auteur de théâtre doit  savoir tirer les fils qui relient les spectateurs aux personnages qu’il met en scène. Cela signifie qu’il confère autant d’âme à ceux qui vont assister à sa pièce qu’aux personnages qu’il a créés.

 Harold Pinter a concocté une petite pièce délicieuse intitulée « L’amant » qui traite des rapports de couple. Il n’y a rien de plus banal comme thème. Même dans la rue, vous pourriez demander à  un quidam d’improviser sur ce thème car c’est un peu comme si l’on frottait la poussière au bout de ses chaussures, il y a toujours quelque chose à dire et surtout à inventer. C’est ce qui se passe avec le mari et la femme d’Harold Pinter, cette atroce banalité qui veut que chacun a sa vie extérieure et que lorsqu’on se retrouve à la maison, il ne reste plus que des questions domestiques à partager. Monsieur et Madame X ayant compris qu’ils étaient en train de s’enliser dans un quotidien terriblement poisseux, ont décidé comme des enfants de convier à leur domicile l’amant et l’amante, seuls capables de créer le désordre nécessaire à la survie de leur couple.

 Nous assistons à un thriller psychologique, extrêmement bien dosé où les partenaires un peu comme deux boules de chewing gum se collent et se décollent, avec ce dard d’abord enfoui dans leurs bulles, que l’on voit poindre au fur et à mesure que la tension s’élève, et recouvrir la figure triangulaire de l’amant.

 Le couple de Harold Pinter est possédé par une folie si ordinaire qu’elle fait penser prosaïquement à des brûlures d’estomac sinon à des brûlures d’âme. Quand deux êtres se frottent l’un à l’autre, ils créent l’étincelle.  Mais, il faut recommencer encore et toujours et si c’était facile, notre cœur finirait de battre.

 Avec cette pièce, croyez que celui des spectateurs a la chamade. La mise en scène d’Alexandra Dadier dépouillée à l’extrême est axée  sur les évolutions des comédiens qui se dédoublent sur scène avec toute l’ironie, l’émotion, la volupté que Pinter insuffle à ses personnages. Les interprètes, Fabienne Alice Dubois et Laurent Schteiner sont excellents. Un spectacle qui agit comme une piqûre de folie dans le quotidien de Monsieur et Madame presque tout le monde. C’est plus que récréatif, c’est jouissif.

 Paris le 7 Avril 2012             Evelyne Trân

 

 

 

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