Réservations 01.46.82.19.63 Du 15 au 18 Décembre 2011
Et du 12 Janvier au 6 Février 2012
Vendredi, samedi à 20 H 30, Dimanche à 17 H
Conception, mise en scène, chorégraphies Patrice BIGEL
Scénographie, lumière, costumes Jean Charles CLAIR
Textes : Alison COSSON, Conception sonore Julie
MARTIN, Régie son : Julie MARTIN, Jean-Nicolas CASALIS
Avec : Samith ARBIB, Mara BIJELJAC, Adrien CASALIS,
Sophie CHAUVET, Anthony DUARTE, Elsa MACARET, Yasminn NAGID, Anna PERRIN,
Pierre POSSIEN, Erwin SAILLY.
Le nouveau spectacle de Patrice Bigel, c’est le cœur du poème mobile autour duquel s’enchaine et se détache une fluorescence d’individus happés par cette incongruité excitante et douloureuse d’être à la fois un et plusieurs, seuls et avec.
On pourrait dire que le thème de la solitude de l’individu noyé, étouffé par une société scrutatrice ou castratrice, est un thème rebattu, crispant, agaçant comme cette chanson enfantine « Alouette, gentille alouette, alouette, je te plumerai ».
Mais il n’y a pas d’explication de texte, c’est davantage l’insigne qui est
abordé, et tandis que l’objet, le télévisuel apparaissent comme des monstres, à cause de leur sur-représentation, les êtres retrouvent leurs marques à pieds nus en se découvrant au bord des autres .
L’imagination du spectateur peut facilement se retrouver grâce aux silences qui succèdent aux goupilles sonores. Les pieds nus qui s’ arquent au-dessus du sol deviennent des visages, toutes les impressions fugitives ont la détente des animaux, la nuit. Avez-vous jamais regardé l’expression d’un lapin éclairé par le phare d’une voiture ?
Paradoxalement, les deux écrans de cinéma qui projettent les visages grossissants des individus qui deviennent vedettes d’un soir comme des panneaux publicitaires mais qui n’ont rien d’autre à dire que ce qui leur passe par la tête, ont une portée théâtrale comique.
Et ces individus vedettes qui reprennent leur place au cœur du nombre déjouent la fiction, ensuite dans l’infinitésimal, l’accord, l’essentielle brusquerie, un songe hérissé de tous poils, cela s’entend derrière la toile.
« Il n’y a pas le choix » pourrait dire un des protagonistes comédien danseur, entre la lucarne du surmoi «hyperbolisé» sous les feux du projecteur, et l’individu déraciné qui doit courir à pieds nus vers une autre porte de sortie, sans mode d’emploi.
C’est le mérite de ce poème spectacle d’ouvrir plusieurs pistes au spectateur rangé, sans en imposer aucune, parce qu’ « au bord de la route », c’est un parler-visage qui chatouille la ligne d’horizon, qui froisse l’idée de devenir, l’histoire de plusieurs individus qui se déplie comme un éventail, à même la route.
Ce sont des protagonistes aguerris qui lâchent la bride de la performance au profit d’un poème flottant à mains nues, à taille humaine, tendre et passionné.
Bravo à toute l’équipe pour le grand rêve-action auquel elle nous convie, sans prétention, tous les comédiens-danseurs rêvent sur place, on les entendrait presque les yeux fermés.
Paris, le 17 Décembre 2011
Evelyne Trân