Récemment un traité sur l’indignation est devenu un best-seller à l’instar de l’éloge de la folie d’Erasme. Voilà bien l’épine dorsale des oeuvres de Jean-Pierre MOCKY que l’on imaginerait bien en Don Quichotte des temps modernes ferrailler debout sur sa Rossinante contre des moulins au vent.
Pour sûr, il doit avoir la nostalgie des romans de chevalerie, des chevaliers à la triste figure, des Robin des Bois, des Vidocq. Chez lui, les héros sont souvent des gens simples qui parlent avec leur cœur et qui prennent l’allure de petits extra terrestres parce qu’ils doivent lutter contre les détenteurs du pouvoir, sans d’autres moyens que leur imagination et leur courage à revendre.
Comment déloger de leur piédestal ceux qui ont, désormais, le pouvoir médiatique de diriger les foules ? Oui, nous sommes tous dirigés que nous le voulions ou non, pour aller où, nous n’en savons rien. L’opium du peuple aujourd’hui, ce sont les médias, ce sont ces miraculeuses inventions techniques qui nous permettent de tenir dans la paume de la main un portable en train de diffuser les cérémonies de la béatification du pape, du mariage de princes soi-disant modernes, ou la coupe mondiale de football. Et personne ne peut y échapper, même le bébé dans sa poussette à qui sa mère tend comme un hochet, toujours ce fameux portable.
Nous voici dopés, enlisés par la technologie ambiante. Faudra t-il que Mocky déguisé en prêtre grimpe sur sa chaire de cinéaste pour brouiller nos ondes, l’espace de quelques films, en hurlant « Mais regardez-vous bande de cons ! » . Pour soigner ses coups de sang, Monsieur Mocky fait des films plutôt salutaires. S’il nous fait rire souvent, il faut croire qu’il a touché son but .Bien sûr de temps en temps, il donne l’impression de faire « Pan pan » comme dans les spectacles de Guignol. pan pan contre la ministre, contre le curé pédophile, contre le vilain commissaire etc. Ceci dit, ses lunettes grossissantes, Monsieur Mocky les a plongées dans le flot des réalités récalcitrantes.
Un jour, on parlera de la substantifique moelle des films de Mocky, et le temps ayant rétréci, on ne saura plus qui de Mocky ou de Rabelais opérait au moyen-âge. N’ayez crainte, au Despérado de Mocky, vous ne trouverez pas de gauchos sous les fauteuils. Despérado signifie hors la loi. Or par un caprice des sonorités, vous pouvez aussi entendre « Désespéré ». C’est idiot parce qu’il n’y a rien de moins triste que ses films. Non, le Desperado » n’est pas une chapelle, c’est juste un cinéma qui permet d’entrer dans la ronde de formidables comédiens, connus ou inconnus. Elle est belle l’écurie de Mocky !
Songez que vous pouvez y rencontre Bourvil, Francis Blanche, et son fiston Jean-Marie Blanche, Rufus, Pinon, Serrault, Poiret, Jean Abeillé, Arielle Dombasle, Michèle Bernier, Jeanne Moreau etc. Sans compter toute son équipe technique que pour la première Mocky invite à saluer les spectateurs sur flanc d’écran.Alors rendez-vous si vous le voulez bien pour faire sa fête au cinéma de Mocky au « Despérado » !
Paris, le 8 Mai 2011
Mis à jour le 9 Août 2019
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