Sortie exclusivité de ses trois derniers films :
les Insomniaques, Crédit pour tous et DossierToroto
LE DESPERADO « 23, rue des Ecoles 75005 PARIS Téléphone 01.43.25.72.07 – Métro Maubert-Mutualité
Faudra t-il signer une pétition pour inciter les Parisiens et les touristes à venir faire un tour dans le nouveau cinéma de Jean-Pierre MOCKY « LE DESPERADO » ?
Faudra t-il attendre que ce vieux renard jette l’éponge, pour saluer le plus prolixe et le plus original des cinéastes dont peut se prévaloir le cinéma français ?
Jean Pierre Mocky, certes, fait figure de phénomène dans le paysage cinématographique. C’est un artisan qui tient boutique comme l’épicier du quartier, et qui résiste bon an, mal an, face aux supermarchés. Parce que ses films, faute de moyens, ne peuvent pas être distribués dans les grandes salles, faut-il croire qu’ils sont destinés à une petite élite ? Comment, un auteur qui s’escrime à donner la parole aux gens simples et nous sommes nombreux à ne pouvoir figurer parmi les invités de l’intelligentsia de « Ce soir ou jamais » sauf en amuse-bouche, devrait rester confidentiel !
C’est entendu, Jean Pierre MOCKY a une grande gueule, il provoque et il choque. Il ne remue pas la soupe avec une langue de bois, il utilise aussi bien des gens de marque (Vladimir Cosma Patrick Rambaud) que des inconnus et cela donne le cocktail Mocky.
Ce n’est pas un hasard si les plus grands acteurs acceptent de jouer dans ses films. L’œil de la caméra de Mocky leur offre une véritable bouffée d’oxygène. Ils sont libres d’improviser leurs personnages. Et cette liberté sonnante et trébuchante est sans pareille, j’allais dire sans appareil. Tous nous en bouchent un coin, Arielle Dombasle, avec son air mutin, Dominique Pinon, goguenard, Rufus, fieffé cornard, Bruno Putzulu en jeune premier naïf et révolté, Mathieu Demy en inspecteur échaudé .
A cette galerie d’acteurs célèbres, s’ajoutent des facies moins connus qui crèvent l’écran. Il faudrait les citer tous, car ils peuvent faire cocu le théâtre lui-même. Tous les rôles dans ces comédies sont fort bien répartis : Jean Abeillé est hallucinant en commissaire ahuri et savant « Tournesol », Jean-Marie Blanche, trop comique en député crapule et Directeur de supermarché, Christian Chauvaud, la tête sur les épaules, est un honnête insomniaque, Michel Stobac, un flegmatique et scrupuleux homme au chien, etc. Mocky a le flair pour dénicher des silhouettes, des visages particuliers, hors normes, des gueules cassées, en quelque sorte, qui n’ont rien à envier aux looks improbables d’artistes tels que Michel Simon, Louis Jouvet, Pierre Renoir. Il y a du Marcel Carné chez Mocky.
Les trois films que Jean Pierre Mocky vient de sortir sont très différents.
Dans les insomniaques, Jean Pierre Mocky endosse le personnage de ténébreux, redresseur de torts dans une société si cauchemardesque que nous n’avons d’autre issue que de finir par rire de nos malheurs.
Dans « Crédit pour tous », exit le ténébreux, nous avons droit à une comédie plutôt bon enfant, aussi bien menée que le film « Bienvenue chez les Ch’tis », et d’on l’on sort de bonne humeur, ce qui est très appréciable en temps de sinistrose.
Quant au Dossier Toroto, grâce au merveilleux acteur Jean Abeillé, nous pouvons rester naïfs, sans crainte d’ameuter le Saint Siège. C’est tellement drôle que cela ne se raconte pas; peut être Rabelais est-il passé par là. Ceci dit, mieux vaut ne pas être trop chatouilleux, question principes et interdits, tabous etc.
Eh oui, Jean Pierre MOCKY fait feu de tout bois des conventions qui ceinturent nos rêves. Heureusement que les méchants de toute sorte existent puisqu’il adore les ridiculiser et régler leur compte. Ces personnages pourraient d’ailleurs figurer dans une bande dessinée. La trame n’est pas en fil de soie, elle tient plutôt de la grosse corde capable de tirer la cloche de Notre-Dame.
Les esprits chagrins lèveront les yeux au ciel. Souvenons-nous qu’au moyen-âge, les comédiens étaient considérés comme des mécréants. Aujourd’hui, c’est au cinéma qu’ils trouvent leur paradis. Pour leur bonheur et le vôtre à venir, allez les voir chez Mocky, vous n’en ressortirez pas en quenouille, seulement un peu ébouriffés. Dans la salle, on rencontre des jeunes, et cela n’a rien d’étonnant; ils ont encore un peu de temps libre pour rêver de liberté et de révolution comme ce sacré Mocky.
P. S : A noter que « LE DESPERADO » programme également outre des grands classiques américains et français, ses meilleurs films dont Solo, un drôle de paroissien etc.
Paris, le 1er Mai 2011
Mis à jour le 9 Août 2019
Evelyne Trân
A reblogué ceci sur THEATRE AU VENT.
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