C’est bizarre l’écriture de Christiane ROCHEFORT au Théâtre de l’ESSAION 6, rue Pierre au Lard 75004 PARIS du 10 Avril au 30 Mai 2023, les lundis et mardis à 21 H 15. Au Festival off d’Avignon : Théâtre transversal 10, rue d’Amphoux 84000 Avignon du 7 au 25 Juillet 2023 à 14 H 30, relâche les mercredis 12 et 19 Juillet.

Au Festival Off d’Avignon :

Théâtre Transversal 

10, rue d’Amphoux 84000 Avignon

Du 7 au 25 juillet 2023 à 14h30, relâche les mercredis 12 et 19 juillet.

Au Festival Off d’Avignon :

Théâtre Transversal 

10, rue d’Amphoux 84000 Avignon

Du 7 au 25 juillet 2023 à 14h30, relâche les mercredis 12 et 19 juillet.

  • Voir la bande annonce
  • https://www.youtube.com/embed/zXDHG9ufJwU
  • Auteur : Christiane Rochefort
  • (d’après des écrits de Christiane Rochefort édités aux Éditions Grasset, Stock, iXe)
  • Mise en scène : Orit Mizrahi
  • Distribution :Orit Mizrahi et Awena Burgess en alternance avec Nathalie Jeannet les 1, 2 , 15, 16 mai 2023
  • Création musicale : Awena Burgess et Daniel Mizrahi
  • Scénographie : Jean-Baptiste Manessier
  • Création lumière : Gérald Karlikow
  • Création graphique : Maryem Sidibé
  • Production : Compagnie Petite Lumière
  • avec le soutien du Pilier des Anges – Théâtre Halle Roublot à Fontenay-sous-Bois
  • et d’Avignon Festival & Compagnies pour le festival 2021

L’écriture serait aussi bizarre que l’apparition d’un escargot en-dessous d’une feuille de géranium. En-dessous, en-dessous ! Je ne connaissais pas Christiane ROCHEFORT mais cette invite, ce mot bizarre a attiré mon attention.

Les deux comédiennes, Orit MIZRAHI et Awena BURGESS ont connu dans leur enfance Christiane ROCHEFORT (1917-1998) qui était une amie de leurs mères. Si fort, si pressant se dresse chez elles le souvenir de cette écrivaine qu’il fallait qu’elles expriment leur émotion en évoquant son œuvre.

Il s’agit pour les spectatrices, spectateurs d’une véritable immersion dans son territoire, celui de l’écriture et ce par vagues successives qui suggèrent le cheminement créatif de Christiane ROCHEFORT.

Des extraits entrecroisés de ses textes avec des chansons qu’elle aimait (les Beatles, Dylan, Purcell) se dégage une atmosphère rieuse et tendre comme si le public était convié à un pique-nique joyeusement littéraire.

Sur une grande feuille blanche sont projetées des images composées d’écritures de manuscrits, photos, dessins etc. Des fleurs de pensées, de mots autour desquels les artistes donnent l’impression de butiner comme des abeilles.

Ecrivaine ? Christiane ROCHEFORT n’aimait pas ce terme, elle préférait celui d’écrevisse.

L’écriture fut certainement son arme de combat pour exprimer ses engagements, féministe au Mouvement de libération de la Femme et écologiste auprès de René DUMONT.  

Elle l’affirme dans un entretien : J’aime la littérature de révolte, de résistance, de remise au clair.

Elle devint célèbre lors de la parution en 1958 du Repos du guerrier, un livre poignant qui fit scandale à l’époque, dominé par la voix intérieure d’une femme amoureuse sous l’emprise d’un pervers narcissique, mais pas seulement, un homme bien vivant qui la fait jouir.  

La subversion par le jeu ou le « je » de l’écriture. Christiane ne cesse de s’interroger sur le processus même de l’écriture. Elle connait le « ressassement du moi-ronron » et elle entend s’y soustraire.

Son écriture lui permet d’atteindre des points de vue culminants dans son livre Les petits enfants du siècle qui met en scène les habitants des grands ensembles de Sarcelles et de parler de l’inceste dans La Porte du fond.

Dans C’est bizarre l’écriture, elle raconte comment les personnages lui échappent au point de lui imposer des situations qu’elle croyait sans issue. Et elle continue à se demander : Comment diable, cela va au papier, quoi de vous est dedans, est ce que l’inspiration ça existe ?    

Celle qui écrit « Je ne me sentais ni fille, ni garçon mais un être » est adepte des « Je m’en souviens » de Georges Pérec : Je me souviens que je ne montrais pas mes poèmes car j’aurai été une poétesse ».

Dans ce spectacle aéré et magistralement conçu, le public découvre une « écrevisse » à plusieurs visages qui respire la liberté et l’intelligence, tel un grand arbre ouvert qui nous fait signe.

Le 16 Mai 2023

Evelyne Trân

N.B : Article initialement publié dans le Monde Libertaire.fr

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