LE DINDON de Georges Feydeau au Théâtre du RANELAGH 5 Rue des Vignes 7016 PARIS – À partir du vendredi 14 janvier 2022 (relâches exceptionnelles les 18 février, 2 et 8 avril 2022)du jeudi au samedi à 19h,et le dimanche à 15h. DURÉE DU SPECTACLE 1h35

Distribution

Auteur : Georges Feydeau

Mise en scène : Vincent Caire

Avec : Lucile Marquis, Cédric Miele, Damien Coden, Franck Cadoux, Gaël Colin, et en alternance Karine Tabet, Amélie Gonin et Mathilde Puget

Décor : Nicolas Cassonet

Costumes : Corinne Rossi

Lumière : Valentin Tosani

Photos : Fabienne Rappenaud

Le Dindon – YouTube

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L’heure n’est pas encore venue de remiser aux oubliettes LE DINDON, cette farce fort subtile de FEYDEAU qui sous le prisme du vaudeville met le doigt sur les hypocrisies de la société. On peut le dire FEYDEAU, cet homme mal marié, épingle avec férocité l’institution du mariage dont les lois s’opposent à la constitution de l’homme qui ne peut être, selon lui, monogame.

Un commentateur souligne que « Son théâtre décrit la folie humaine qui naît de rapports sociaux contraignants, de rapports codifiés organisés ». KAFKA dira « Ce n’est pas l’imagination qui mène à la folie mais la raison ».

En résumé LE DINDON met en scène quelques hommes mis à mal par cette sacro-sainte loi du mariage qui interdit aux époux et aux épouses d’aller voir ailleurs sauf en se cachant. D’où les mésaventures de ces messieurs contraints de braver l’interdit et de risquer de se retrouver comme des malfaiteurs pris au piège de leur obscur objet du désir.

FEYDEAU a mis lui même en scène LE DINDON dont la création en 1896 au théâtre du Palais Royal fut un succès. Sa principale ambition était de faire rire le public bourgeois en lui représentant des personnages copies conformes de la réalité mais rehaussée par une caricature bienvenue et burlesque. Il se pourrait bien que LE DINDON dans l’esprit de FEYDEAU englobe aussi bien le fieffé dragueur de PONTAGNAC (excellemment interprété par Cédric MIELE) que le spectateur lui-même.

120 ans après sa création, il peut être intéressant de mesurer la distance qui s’est opérée dans la perception du spectateur vis à vis de cette satyre qui déboulonne l’institution du mariage en mettant en scène d’invraisemblables chassés-croisés entre épouses cocufiées et époux libertins.

Le metteur en scène Vincent CAIRE n’a pas choisi l’angle de l’analyse socialo-ethnologique de la pièce . C’est plutôt son aspect « bon enfant » de la Belle époque avec son décor Art nouveau, qui se dégage en dépit de ses épines et qui retient l’attention. Il s’agit de recouvrir les plaies du mariage avec un baume libérateur : le rire.

Les comédiens possèdent l’art de la gestuelle à tel point qu’on peut les regarder comme dans un film muet de la même façon qu’on se laisserait subjuguer par le manège de poules et de coqs dans un poulailler.

Les spectateurs de ce Dindon au premier degré sont invités à lâcher prise tout en savourant les réparties enlevées des protagonistes et en ouvrant la porte à leurs fantasmes les plus truculents. La scène anthologique du lit qui s’agite comme un trampoline ( fiction ou réalité) et se met à sonner sous le poids des amants pourrait bien agir sur nos têtes bien pensantes ou quelque peu coincées tel un électrochoc salutaire.

L’équipe de la Compagnie LES NOMADESQUES a du talent à revendre. Soutenons là en allant applaudir son savoir faire, celui d’actionner la mécanique si bien huilée de FEYDEAU avec les ressorts et les poulies d’une boite à musique qui roucoule « Mais qu’est-ce qui fait donc courir les hommes et les femmes ? »  L’amour et le sexe, le tout panaché car il y a du panache dans l’air chez FEYDEAU pour de rire, un zeste de tendresse et du rêve.

Paris, le 19 Février 2022

Evelyne Trân

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