Photo D.R.
Connaissez-vous Velibor Čolić ?
Il a enfoncé ses semelles dans la bonne terre de la langue française, lui le réfugié politique bosniaque qui a atterri en France en 1992, sans en connaitre un seul mot. Le fait est qu’il la maîtrise de façon sensuelle cette langue, il l’incorpore.
Dans le livre des départs qui fait suite à d’autres livres sur l’exil, l’écrivain délivre le journal de ses errances avec cette distance vagabonde (tant pis pour le pléonasme) du voyageur impénitent.
A vrai dire quand on a connu l’horreur de la guerre et que le cœur s’est arrêté, il y a peut-être cette sensation bizarre de se retrouver étranger au monde, n’importe où.
L’écrivain ose un portrait sans aménité sur lui-même. Il s’enivre, il bouffe, il se traîne. Est-ce lui ou est-ce personnage qui se noie parmi les autres qu’il consent à épingler tel un papillon entre quatre murs ?
Fort heureusement, il y a les femmes qu’il cultive comme des fleurs à la fois détaché et amoureux. Oui, il est possible d’aimer à distance, ne serait-ce que pour éterniser ses fantasmes du plus commun au plus original. Oui, un fantasme a le droit d’être commun !
L’écrivain a aussi bien le sens du commun que du merveilleux. Il rêve encore et cela nous parle comme toujours cet « autre » qu’on imagine de loin si proche.
Evelyne Trân
Eze le 13 Août 2020 *
- Article précédemment publié dans le Monde Libertaire en ligne le 3 Août 2020