VOYAGE EN ITALIE D’APRÈS LE JOURNAL DE VOYAGE & LES ESSAIS DE MONTAIGNE MISE EN SCÈNE & ADAPTATION MICHEL DIDYM – Durée 1H 30 – Jeudi 21 Novembre à 20H et samedi 23 Novembre à 20 Heures au Théâtre National de Nice Promenade des Arts 06300 NICE.

Voyage-en-italieavec Luc-Antoine Diquéro, Bruno Ricci, Loïc Godec, le cheval Réal, la poule Barcelonnette

assistant à la mise en scène Yves Storper 

dramaturgie François Rodinson 

musique Marie-Jeanne Serero 

scénographie Jacques Gabel

 lumière Joël Hourbeigt, Sébastien Rebois 

costumes Christine Brottes 

maquillages & coiffures Kuno Schlegelmilch

 son Dominique Petit 

musique réalisée avec la participation de Jean-Michel Deliers [instruments] Garance Gabel, Maxime Keller [voix] Louis Machto [enregistrement]

regard chorégraphique Anne Vidal
production CDN Nancy Lorraine, La Manufacture coproduction Le Volcan, Scène Nationale du Havre, MC2 : Scène Nationale de Grenoble, Châteauvallon – Scène Nationale, La Comète – Scène Nationale de Châlons-en-Champagne, Théâtre de l’Union – CDN du Limousin, Théâtre de Liège, Comédie de Picardie résidence de création Théâtre des Quartiers d’Ivry, CDN du Val-de-Marne avec le soutien du TnBA Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine, du Théâtre d’Angoulème – Scène Nationale – 

Un journal de voyage qui ne soit pas carte postale ni trop bavard, comme une bouteille à la mer pour attiser la curiosité de ses découvreurs, bien plus inspiré qu’un guide touristique, c’est ainsi que nous imaginons celui de Montaigne.

 Ecriture et voyage vont de pair chez Montaigne et chez beaucoup d’écrivains d’ailleurs. Comment donc mieux brider sa pensée qu’en la prenant pour guide d’une véritable aventure.

  « La chair est triste hélas et j’ai lu tous les livres » . Montaigne s’imaginait-il pur-sang à sa façon en train de galoper pour fuir les soucis domestiques, ses charges de notable, en s’offrant cette parenthèse, un voyage, où il n’aurait de compte à rendre à personne sauf à lui-même.

 En 1580, Montaigne entreprend un circuit de 17 mois et 8 jours en traversant l’Europe pour se rendre en Italie. Son journal n’était pas destiné à la publication. Mais tel quel, il est apparu comme un phare spirituel à ses éditeurs et au metteur en scène Michel DIDYM, qui en offre une lecture théâtrale concentrée.

 Sans doute Michel DIDYM a-t-il jugé que le Boute-dehors (c’est ainsi que Montaigne appelait le langage) du journal, si riche, si vif,  pouvait tenir la distance entre les passeurs, les comédiens et les témoins, les spectateurs.

 Il appartiendra à chacun d’en jauger. Un souffle de naïveté, telle une boule à neige, fera-t-elle sourire nos écoliers, en train de bûcher sur les écrits de Montaigne ? Dans ce spectacle, ce qui tombe du ciel, c’est un magnifique cheval blanc, et une poule dont la présence indéniable a certainement pour mission de distraire les spectateurs.  Tombe également du ciel, un slam rock interprété par Maxime Keller tel un éclair foudroyant.

 Voilà que s’imprime sur notre rétine, l’idée que Montaigne n’avait besoin pour voyager que d’un cheval, quelques poules et des feuilles de papier, soit le passeport le plus prosaïque, le plus sobre, le plus propre en quelque sorte si nous nous en référons à nos propres moyens.

Les échanges entre Montaigne et son secrétaire destinés à livrer une belle anthologie d’anecdotes souvent étonnantes, et truffées de renseignements sur les mœurs de Montaigne, plutôt bon vivant et hélas accablé par la maladie de la gravelle, ne constituent pas un dialogue théâtral. Les comédiens, Luc-Antoine Diquéro (Montaigne) , Bruno Ricci (Secrétaire de Montaigne), Loïc Godec (Le palefrenier) prennent en charge la lecture à la manière de conteurs ou de récitants.

 D’où l’impression statique de ce spectacle qui s’avère par ailleurs très instructif sur le climat de cette époque traversée par les guerres de religion. Il est bienvenu d’entendre le point de vue de Montaigne « Nous sommes chrétiens au même titre que nous sommes Périgourdins ou Bavarois » et de rire à cette boutade rapportée par un certain chancelier Olivier « Les Français ressemblent à des guenons qui grimpent au sommet d’un arbre, de branche en branche, et ne cessent de monter jusqu’au moment où elles sont arrivées à la plus haute branche et quand elles y sont, elles montrent leur cul ».

 « Voyager me semble un exercice profitable… l’âme y est continuellement portée à remarquer les choses inconnues et nouvelles. Le corps n’y est ni oisif ni fatigué, et ce mouvement modéré le met en haleine… Nulle saison ne m’est ennemie. J’aime les pluies et les crottes. »

 Ce témoignage est sans doute une des clés de la mise en scène de Michel DIDYM pour son aspect dépouillé. Il nous reste à rêver d’un Montaigne à la rencontre de Cervantes, échangeant son secrétaire avec Sancho Pança et tel un hardi Don Quichotte troquant son beau cheval pour Rossinante.

 Paris, le 20 Mars 2019

Mis à jour le 15 Novembre 2019

 Evelyne Trân

 

 

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