CHANGE ME d’après Ovide, Isaac de Benserade et la vie de Brandon Teena – DU 16 NOVEMBRE AU 7 DÉCEMBRE 2019 au Théâtre Paris-Villette – 211 Avenue Jean Jaurès, 75019 Paris –

    • change me.jpgREPRESENTATIONS :
    • NOVEMBRE 
    • samedi 16 à 20h00
    • dimanche 17 à 15h30 + rencontre philo
    • mardi 19 à 20h00
    • mercredi 20 à 20h00
    • jeudi 21 à 20h00
    • vendredi 22 à 19h00
    • samedi 23 à 20h00
    • dimanche 24 à 15h30
    • mardi 26 à 20h00
    • mercredi 27 à 20h00
    • jeudi 28 à 20h00
    • vendredi 29 à 19h00
    • samedi 30 à 20h00
    • DÉCEMBRE 
    • dimanche 1 à 15h30
    • mardi 3 à 20h00
    • mercredi 4 à 20h00
    • jeudi 5 à 20h00
    • vendredi 6 à 19h00
    • samedi 7 à 20h00
  • dimanche 17 novembre (à l’issue de la représentation)
    rencontre philo « Derrière le rideau » animée par Anne-Laure Benharrosh, professeure de littérature

     

    GÉNÉRIQUE

conception et mise en scène Camille Bernon et Simon Bourgade / avec Camille Bernon, Pauline Bolcatto, Pauline Briand, Baptiste Chabauty, Mathieu Metral / collaboration artistique Mathilde Hug / scénographie Benjamin Gabrié / conception dessin animé Marie Blandine Madec / réalisation dessin animé Angèle Chiodo / lumières Coralie Pacreau / son Vassili Bertrand / vidéo Raphaëlle Uriewicz

 Sommes-nous suffisamment ouverts d’esprit pour nous intéresser au phénomène transgenre ? La question se pose parce que le terme même de transgenre nous interroge. Le mot serait apparu dans les années 1990 et la définition du dictionnaire ne va pas de soi :

Qui concerne les personnes dont l’identité sexuelle psychique ne correspond pas au sexe biologique

 Le spectacle CHANGE ME élaboré par Camille BERNON et Simon BOURGADE pose le doigt sur une carte du genre humain où la frontière entre le féminin et le masculin ne parait pas discutable.  Voilà, que nous devient sensible l’idée que la frontière n’est pas aussi figée que la grammaire.

 Suis-je un homme ou une femme ? La question ainsi balancée peut paraître stupide si nous ne nous reportons pas à l’expérience de la transformation du corps à l’adolescence. Cette expérience est inouïe et c’est un poète Ovide qui l’évoque dans les Métamorphoses.

 Il n’y a pas qu’un seul genre nous disent les chercheurs, ni même seulement deux à savoir le féminin ou le masculin. Enfin sur la carte d’identité, c’est le sexe qui va vous définir homme ou femme, l’identité psychique, c’est une autre histoire.

 Cette autre histoire nous est racontée par Camille BERNON et Simon BOURGADE dans le spectacle « CHANGE ME » qui éclaire de façon prodigieuse nos lanternes.

 Le spectacle met en parallèle deux perceptions troublantes de l’identité sexuelle, celle merveilleuse d’Ovide suggère l’ambiguïté de la division entre les deux sexes. Comment une jeune fille élevée suivant les valeurs viriles peut-elle recouvrer sa féminité ou affirmer sa masculinité en dépit de son sexe biologique. Iphis déclarée mensongèrement à la naissance de sexe masculin, se trouve dans l’impasse lorsque vient le moment de s’unir à sa chère Ianthé. Il faudra l’intervention des Dieux pour qu’elle se transforme en homme.

 La seconde interprétation fait référence à un fait divers dramatique, l’assassinat en 1993 d’un jeune transgenre Brandon Teena par ses amis qui ne lui pardonnent pas son imposture.

 Axel décide à l’adolescence de cacher à son entourage qu’il est de sexe féminin. Tout le monde le prend pour un garçon et il a même une petite amie. Il semblerait qu’il souhaite se viriliser le plus possible au contact d’amis qui affichent un comportement machiste jusqu’à la caricature. Faut-il que leur idéal de virilité ait été souillé par une femme qui frauduleusement a arboré leurs attributs sacrés pour qu’ils la violent puis l’assassinent ? Réaction primaire de mâles qui défendent leur territoire contre toute intrusion de brebis galeuse.

 Entre le sordide et le merveilleux, avons nous le choix ? Celui de la lucidité sans doute. Le spectacle met en évidence la solitude de chacun des protagonistes, la mère qui ne comprend pas Axel, les amis choqués par sa trahison, la petite amie dans l’expectative et Axel lui-même, prisonnier de son secret qu’il n’éprouve pas comme une forfaiture car il avoue aux policiers qui consignent sa plainte pour viol qu’il ne peut expliquer pourquoi il se fait passer pour un garçon.

 Le fait divers est emblématique de l’incompréhension, voire du rejet des personnes qui se déclarent transgenres.

 C’est tout le psychisme qui est mis en branle par l’affirmation de son essence. Ainsi Brandon Teena ne demandait qu’une chose être reconnu comme homme.

 Guidés par une vision altruiste, très sensible de la transidentité, les metteurs en scène réussissent à sortir de sa gangue sulfureuse, le qualificatif de transgenre.

 Ils nous permettent de réaliser la circulation de ces essences féminines ou masculines. Les corps parlent aussi, se transforment, évoluent. Il en faut du courage pour s’exposer au regard de l’autre et du sien propre pour le pire ou le meilleur.

 Pénétré de poésie (celle d’Ovide et d’Isaac de Benserade) et superbement interprété, ce spectacle inspiré nous encourage à faire la paix des sexes en nous-mêmes.

 Paris, le 7 Juin 2018

Mis à jour le 14 Novembre 2019

 Evelyne Trân

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