Le double de Dostoïevski au Théâtre LE RANELAGH – 5, rue des Vignes – 75016 Paris – Adaptation et mise en scène : Ronan Rivière – Durée du spectacle 1h25 DU 14 SEPTEMBRE 2019 AU 12 JANVIER 2020 – Du mercredi au samedi à 19h et le dimanche à 15h Relâches les 9, 24 et 25 octobre, 29 novembre, 25 décembre et 1er janvier Supplémentaire exceptionnelle le mardi 31 décembre à 19h –

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Auteur : Fiodor Dostoïevski

Adaptation et mise en scène : Ronan Rivière

En collaboration avec : Amélie Vignaux

Avec : Ronan Rivière, Xavier Lafitte, Michaël Giorno-Cohen, Jérôme Rodriguez, Jean-Benoît Terral, Laura Chetrit

Au piano : Olivier Mazal

Musique : Léon Bailly

Décor : Antoine Milian

Costumes : Corinne Rossi

Lumière : Marc Augustin-Viguier

 

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Dostoïevski n’avait que 25 ans lorsqu’il écrit son 2ème roman « Le double » qui reçut un accueil glacial. Inspiré par Gogol auquel il a été comparé lors de la parution de son premier roman à succès « Les pauvres gens » Dostoïevski s’immisce à fond dans le registre fantastique. C’est qu’il vient de se découvrir « double », le succès lui a monté à la tête mais peut-il oublier l’homme qu’il était avant sa réussite ? Il fallait donc que Goliadkine surgisse pour remettre les pendules à l’heure.

 Monsieur Goliadkine, banal fonctionnaire à l’instar du héros des carnets du sous-sol, publiés 20 ans plus tard, fait partie de ces personnages qui ne cessent de clamer leur existence le plus souvent désespérément, déchirés par cette curieuse ambivalence de vouloir attirer l’attention ou au contraire passer inaperçus.

 Si le personnage de Goliadkine est si attachant c’est qu’il incarne la toute-puissance du délire, celui-là même qui nous permet de rattacher le rêve à la réalité. Bien avant Freud, Dostoïevski s’attaque à travers Goliadkine à l’inconscient qui se découvre dans les rêves mais n’a pas droit de cité à l’état de veille. Goliadkine a cette particularité de ne pouvoir repousser ce désir quasi sado masochiste d’être déboulonné par le double de lui-même. Il héberge en lui un monstre qu’il expulsera quitte à devoir subir sa présence.

 Goliadkine est un être complexé qui a le délire de la persécution, en résumé tout le monde veut sa peau, il est sans cesse moqué par ses collègues qui le jugent ridicule. Mais au fond Goliadkine est juste un original qui refuse de composer « Je ne porte de masque qu’en carnaval, je n’en porte pas quotidiennement devant les gens » Son double fera exactement le contraire.

 La mise en scène de Ronan Rivière est à l’image du personnage qu’il incarne par ailleurs parfaitement. C’est l’espace mental de Goliadkine qui s’y exprime comme dans le brouillard d‘un rêve où le rêveur ne sélectionne, il va sans dire inconsciemment, que les figures qui l’obsèdent.

 On y entend la douloureuse incantation d’un homme qui ne réussit à s’imposer que par l’intermédiaire d’un double et qui poursuit cependant sa méditation personnelle, en s’assumant hors sujet dans un monde où la vanité bat son plein.

Dominée par son ambiance onirique, cadencée musicalement avec ses décors amovibles, cette mise en scène du « double » se révèle très pénétrante, elle ne force pas le trait offrant juste au spectateur ces coulures de rêve qui s’estompent ou débordent à l’entrée d’un miroir. La buée qui s’y installe, c’est celle de la respiration d’un homme imaginaire.

Paris, le 27 Octobre 2019

Evelyne Trân

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