- Metteuse en scène : Caroline Marcos
- Interprète(s) : Augustin Bouchacourt, Maxime Boutéraon, Caroline Marcos
- Collaborateur artistique : Antonin Chalon
- Scénographe : Sarah Bazennerye
- Régisseur : Vivien Lenon
- Musicienne : Barbara Pravi
- Musicien : Guillaume Boscaro
- Chargée de diffusion : Fabienne Rieser
- Attachée de presse : Sandra Vollant
- Coproducteur : Fabien Daï-pra, Valentin Synave
« Jusqu’où sommes-nous capables d’aller pour protéger les siens ? » Tel est le thème abordé dans cette pièce conçue comme un thriller psychologique mettant en scène un huis clos familial composé d’un couple et du beau frère.
Dans ce huis clos particulièrement dense, le fantasme de l’étranger qui rôde autour du foyer et menace son existence se traduit par l’irruption au milieu du repas du couple d’un jeune homme maculé de sang, le frère d’Hélèn.
Liam joue le rôle de l’intrus susceptible de faire éclater la bulle tissée par sa sœur Hélèn et son beau-frère Danny qui se préparent à la naissance d’un 2ème enfant. Couvert de sang et tenant des propos confus, son comportement suscite des réactions mettant à nu les peurs, les doutes, la communication difficile entre les deux époux. Hélén, d’instinct, se meut en mère protectrice de son frère, sa seule famille. Danny exprime sa distance vis-à-vis de Liam et finira par céder à la volonté d’Hélèn de protéger son frère. Mais la révélation des agissements innommables de Liam provoquera son rejet aussi bien de sa sœur que de Danny.
Recroquevillés sur leur mince bonheur, les personnages d’Hélèn et de Danny ne peuvent entendre l’appel au secours de Liam; le gouffre de son mal être qui l’a conduit à commettre un acte désespéré qu’il ne comprend pas lui-même.
A vrai dire, la conscience de Liam de sa place de « chat mort » dans la société, est trop aiguë pour émaner d’un individu essentiellement psychotique, voire psychopathe.
Nous assistons à un véritable thriller psychologique dans la mesure où le spectateur est suspendu aux réactions d’Hélèn et de Danny, face à un proche qui dévoile une personnalité de plus en plus inquiétante. Les protagonistes donnent l’impression de patauger, en particulier Danny qui ne livre qu’en demi-mesure ses sentiments face à Hélèn toujours dans l’offensive.
L’attention étant focalisée sur les personnages, il est possible de réaliser le manque de regard ou de présence extérieure. Se peut-il que cela soit le monstrueux Liam qui donne un peu d’air à la bulle, oh combien asphyxiante du foyer d’Hélén et de Danny ?
Dans cette pièce, à notre sens, l’auteur fait le procès de la famille, ce lieu clos qui pour parfaire sa bulle semble n’avoir pour option que celle du rejet des membres indésirables. Les liens sacrés de la famille seraient-ils un mythe ? Il en est déjà question dans les tragédies grecques, notamment celle d’Antigone.
Dans « les Orphelins » les personnages ne sont pas des héros. L’auteur scrute leurs défaillances, leur déroute, leur aveuglement qui servent de perche à l’intrus Liam pour les manipuler.
Car en réalité, l’étranger, le fauteur de troubles, se révèle être la victime d’un proche, ce qui renverse complètement la donne. Il est tellement plus facile d’accuser un étranger.
Comment repousser les ombres de nos peurs, de nos fantasmes face à l’inconnu et l’étranger qui servent de bouc émissaire ? Les comédiens ont la lourde tâche de rendre crédible un scénario cauchemardesque.
Une chose est sûre, ils réussissent à tenir en haleine les spectateurs, comme dans un rêve éveillé où les paroles des uns et des autres résonnent dans le silence « monstrueux » de notre inconscient.
Paris, le 18 Mai 2019
Evelyne Trân