Photo Jean-Pierre ESTOURNET
Le Roi Nu d’Evguéni Schwartz Traduction : André Markowicz (Éditions Les Solitaires Intempestifs) Mise en scène : Guy Theunissen Assistantes mise en scène : Aurélie Trivillin, Tiphaine Van Der Haegen Direction artistique des Baladins du Miroir : Gaspar Leclère
distribution :
Allan Bertin : Henri
Andreas Christou : Chambellan, Premier Ministre, Gendarme
Stéphanie Coppe : La Reine mère, Première demoiselle d’honneur
Joséphine de Surmont : Princesse Henriette
Monique Gelders : Dame de compagnie, Bourgmestre, Valet de chambre
Aurélie Goudaer : Dame de compagnie, Couturière, Musicienne
François Houart : Le Roi nu, Gendarme
Geneviève Knoops : Dame de compagnie, Gouvernante, Chroniqueuse
Diego Lopez-Saez : Christian
David Matarasso : Demoiselle d’honneur, Poète
Virginie Pierre : Ministre des tendres sentiments, Demoiselle d’honneur, Bouffon du roi
Line Adam : Musicienne
Hugo Adam en alternance avec Gauthier Lisein : Musicien
Création musicale : Line Adam
Paroles des chansons : Guy Theunissen
Création lumière : Laurent Kaye
Scénographie : Michel Suppes
Construction des décors : Michel Suppes assisté de Xavier Decoux, Ananda Murinni, Adrien Dotremont et Antoine Van Rolleghem
Chorégraphie : Sylvie Planche
Costumes : Françoise Van Thienen et Marie Nils avec l’aide de Margaux Vandervelden, Sylvie Van Loo, Aline Deheyn et Annick Leroy
Maquillages : Djennifer Merdjan
Régie son : Antoine Van Rolleghem Régie lumière : Ananda Murinni
Production exécutive : Claire Renaudin / Maison éphémère
Diffusion : Les Baladins du Miroir
Remerciements : Serge Simon.
C’est en 1933 qu’Evguéni SCHWARTZ, auteur russe de contes et pièces de théâtre pour enfants, écrivit sa première pièce pour adultes le Roi nu à la demande d’un jeune metteur en scène Nikolai Akimov qui souhaitait produire une sorte de théâtre synthétique où « L’art de l’acteur, la musique, le ballet et le cirque devaient se combiner ».
Cette pièce interdite par la censure jusqu’en 1960 rencontrera un énorme succès à sa création au Théâtre Sovremennik de Moscou.
Elle fait figure d’une caverne d’Alibaba pour les metteurs en scène éblouis par la plume à la fois ludique, subversive et comique d’Evgueni SCHWARTZ, résolument libre penseur qui prend un malin plaisir à laisser dire à ses personnages tout ce qui leur passe par la tête, avant de les soumettre au plongeon final, au sauve-qui-peut face à ce Roi nu ridicule que personne n’ose démasquer.
C’est tout à un inconscient collectif que l’auteur donne un coup de bélier. Au-delà de la farce qui réunit la matière de 3 contes célèbres d’Andersen, La Princesse au petit pois, Le Garçon porcher et Les Habits neufs de l’empereur, le message politique contre la dictature d’Hitler en Allemagne et par extension à toutes les dictatures, est très clair. L’auteur dénonce déjà par la voix d’un cuisinier en manque d’un livre de cuisine, les autodafés des livres. Il dénonce la guerre, la militarisation des pays, l’incompétence des gouvernants, le roi et ses ministres. En somme, il tient des propos tout à fait libertaires !
Sous le chapiteau des Baladins du miroir, les personnages du Roi nu semblent s’être échappés d’un conte ubuesque où se côtoient des artistes complets à la fois danseurs, comédiens, circassiens, musiciens, chanteurs, tous réunis pour faire sa fête au Roi nu, un pitoyable imposteur.
Dans la mise en scène de Guy THEUNISSEN délibérément festive et bon enfant, les scènes cocasses s’enchaînent dans un rythme musical pop-rock endiablé et jusqu’au bout, nous ignorons le noyau explosif sous la farce qui libère au final une vraie émotion, un électrochoc salutaire.
Qu’il soit possible de se divertir et de réfléchir à la fois, tel est l’enjeu de Molière, tel est aussi celui de Evgueni Schwartz, un défi relevé avec maestria par les Baladins du miroir, époustouflants !
Paris, le 14 Mai 2019
Evelyne Trân
A reblogué ceci sur THEATRE AU VENT.
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