Photo Simon GOSSELIN
mise en scène Benjamin Lazar – Direction et création musicale Geoffroy Jourdain – Scénographie et costumes Adeline Caron – Lumières Mael Iger maquillages et coiffures Mathilde Benmoussa – Assistant mise en scène et dramaturge Tristan Rothhut
Avec Fanny Blondeau, Geoffrey Carey, Malo de La Tullaye et avec Les Cris de Paris, Virgile Ancely, Anne-Lou Bissières, Stéphen Collardelle, Marie Picaut, William Shelton, Luanda Siqueira, Michiko Takahashi, Ryan Veillet.
TOURNÉE 2018–2019 La Maison de la Culture, Amiens du 14 au 18 janvier 2019
Le Théâtre des Bouffes du Nord, Paris du 1er au 23 février 2019
L’Opéra de Reims les 1er et 2 mars 2019
Le Théâtre de Caen les 12 et 13 mars 2019
Le Trident, Scène nationale de Cherbourg-en-Contentin les 18 et 19 mars 2019
Le Théâtre d’Angoulême les 22 et 23 mars 2019
Le Théâtre de Liège du 31 mars au 4 avril 2019
Marguerite de Navarre (1492-1549) , la sœur de François 1er , en avance sur son temps, annonça sans le savoir l’apparition des premières gazettes journalistiques . En témoigne son œuvre posthume « Heptaméron » qui met en scène une dizaine de personnes retenues dans une station thermale, en raison de pluies diluviennes, qui décident de se divertir en racontant chacune une histoire « vraie » par jour.
Chaque nouvelle fait l’objet de commentaires des participants dont l’un, Hircan aurait eu pour modèle Rabelais.
L’on sait que Marguerite de Navarre, elle-même érudite, s’entourait d’hommes de lettres, Clément Marot notamment était son valet de chambre.
La plupart des nouvelles tourne autour de l’amour et du sexe. Y sont évoqués le harcèlement sexuel subi par les femmes, des histoires de viol, des amours impossibles. Marguerite de Navarre se trouvait à la première loge, pour parler de la condition de la femme, ses deux mariages furent arrangés et elle aurait été violée par son propre frère.
Une liberté de ton incroyable se dégage de l’Heptaméron, qui laisse le champ libre aux débats aussi bien moraux, religieux que philosophiques sans dissimuler le caractère parfois trivial, voire épouvantable des faits rapportés.
Pour rapprocher ce chef d’œuvre de la Renaissance de notre époque, le metteur en scène fait appel à la curiosité du public, celle-là même qui le pousse à franchir les portes du Louvre ou à assister à un concert de musique baroque de la Renaissance.
L’homme moderne est-il si différent de l’homme du 16ème siècle ? Le décor, les outils ont changé certes mais les passions et les rêves font partie d’un courant universel qui dépasse nos frontières spatio-temporelles.
A vrai dire, le contraste est tangible entre certaines histoires édifiantes parfois de cruauté et le raffinement des madrigaux chantés en italien. Il témoigne pourtant de l’environnement musical de Marguerite de Navarre qui parlait couramment italien, et fut également une grande poétesse.
Les chants brillamment interprétés par les artistes des Cris de Paris également instrumentistes (cor, violon, basson, hautbois, mais aussi mélodica, flûtes à coulisses, tuyaux d’orgue) ont pour effet de magnifier les plaintes, sentiments et émotions que suscitent les histoires de l’Heptaméron.
S’ajoutent aux récits de la chambre obscure, quelques récits actuels. Nous avons bien aimé ce poète venu d’on ne sait où, raconter qu’il s’endort avec sa radio allumée, une radio, un vieux chat qui ronronne. « J’adore les histoires vraies, confesse t-il, j’en invente depuis toujours » L’interprète, Carey Geoffrey, très théâtral, apporte une étincelle de fantaisie bienvenue.
Photo Simon Gosselin
Mis en scène de façon chorale – les chanteurs et les comédiens sont tous réunis sur scène – le spectacle conçu par Benjamin LAZAR et Geoffroy JOURDAIN suggère l’atmosphère qui régnait lors de ces réunions de paroles, à la Renaissance, pas si éloignées de l’esprit de veillée autour de conteurs qui narrent de façon paisible des histoires incroyables mais vraies.
Le spectacle, dominé par une approche musicale étincelante de l’HEPTAMERON fait dresser les oreilles du public heureux de cette rencontre inespérée avec ce chef d’œuvre de Marguerite de Navarre.
Paris, le 18 Janvier 2019
Evelyne Trân
LISTE DES ŒUVRES MUSICALES
Claudio MONTEVERDI (1567-1643) :
Non m’è grave il morire *
Il secondo libro de Madrigali (1590)
Si ch’io vorrei morire
Il Quarto Libro de Madrigali (1603)
T’amo mia vita *
Il Quinto Libro de Madrigali (1605)
A Dio Florida bella *
Zefiro torna
Il Sesto Libro de Madrigali (1614)
Interrotte speranze *
Il settimo libro de Madrigali (1619)
Ardo e scoprir *
Ottavo libro de Madrigali (1638)
Luca MARENZIO (1553-1599) :
Baci affamati
Il Quinto libro de madrigali (1585)
Benedetto PALLAVICINO (ca.1550-1601) :
A poco a poco
Sesto libro de Madrigali a 5 voci (1600)
Carlo GESUALDO (1566-1613)
Mercè grido piangendo *
Il Quinto libro de madrigali (1611)
Già piansi nel dolore
Il Sesto libro de madrigali (1611)
Michelangelo ROSSI (ca. 1601-1656) :
Or che la notte (prima parte)
Il Primo Libro de Madrigali (c. 1630)
Toccata settima *
(Toccate e corenti edit. 1657)
Biagio MARINI (1594-1663)
Op 22, Balleto Secondo a 3 e 4, Pretirata
Per Ogni sorte d’stromento, Sonate da Chiesa e da Camera A Due, Tre, & a quattro. Opera XXII, Venezia 1655