ABSENCE DE GUERRE de DAVID HARE . Traduction Dominique Hollier. Mise en scène Aurélie Van Den Daele, artiste associée – Au théâtre de l’Aquarium – Cartoucherie de Vincennes – Route de Manoeuvre 75012 PARIS – Représentations du 8 janvier au 3 février 2019, du mardi au samedi 20h, dimanche 16h –

Photo Marjolaine Moulin

collaboration artistique Mara Bijeljac, scénographie, lumière/
vidéo, son Collectif INVIVO (Chloé Dumas, Julien Dubuc, Grégoire Durrande),
binôme scénographie Charles Boinot, costumes Elisabeth Cerqueira,
stagiaires assistants Thibaut Besnard & Pauline Labib.
avec Émilie Cazenave, Grégory Corre, Julien Dubuc (cadreur plateau),
Grégory Fernandes, Julie Le Lagadec, Alexandre Le Nours, Sidney Ali
Mehelleb, Marie Quiquempois, Victor Veyron.

Une campagne électorale filmée comme un cauchemar. Au-delà du thriller politique que constitue la pièce de David HARE, « Absence de guerre », ce qui frappe dans la mise en scène d’Aurélie Van Den Daele, c’est  cette course poursuite incessante entre l’image et  le réel, jusqu’au rétrécissement de l’espace mental des protagonistes.

La caméra qui suit omnipotente les tribulations de l’entourage de Georges Jones, le leader qui doit mener à la victoire, le parti travailliste, agit comme une torche monstrueuse.

 Les visages sont grossis sans aménité, la laideur du local sans âme, saute aux yeux, mais les personnages n’en ont cure, ils se donnent en spectacle comme dans un psychodrame, ils sont sujets d’un film qui vampirise toute leur énergie, leur raison jusqu’à la  débandade. En somme, il n’y a pas d’autre issue que la victoire ou la défaite. Qui pense à l’après ?

 Nous n’imaginons pas le pouvoir castrateur de l’image ni celui de la langue de bois. Faute de maîtriser ces outils indispensables, Georges Jones présenté comme un homme politique intègre est acculé à une chute inexorable, lamentable.

 La dimension shakespearienne à laquelle fait référence David HARE a pour effet de mettre en relief les fantasmes de chacun des protagonistes. Au point de non retour, les barrages s’écroulent emportant tout sur leur passage, les convictions, les rêves du parti.

 Pour gagner une élection, il faut savoir mentir aux électeurs. C’est devenu une banalité de le dire, c’est la banalité du mal.

 Dans sa mise en scène, la metteure en scène explore « méchamment » la névrose qui s’est emparée d’un parti politique chaviré de l’intérieur qui fait de son leader un pantin, un représentant de commerce, une baudruche.

 Y a-t-il un lien entre le pouvoir aliénant de l’image et les films juste humains que nous nous faisons nous-mêmes, nos rêves sont nos premiers films. Comment ignorer que ceux qui arrivent au pouvoir sont ceux qui savent le mieux occuper le terrain des médias, pensons hélas à Hitler.

 Ce n’est pas pour rien qu’à la fin du spectacle, nous voyons un homme tout nu égaré dans le bois de Vincennes, pauvre Georges Jones, l’arbre à poil qui cache notre forêt.

 La distribution du spectacle est excellente. Dans le rôle de Georges Jones, Sidney Ali MEHELLEB dégage beaucoup d’humanité.

 La scénographie particulièrement brillante fait le lien entre les projections sur écran et la présence des acteurs sur scène. La caméra violente d’une certaine façon notre perception. Elle agit comme une araignée, gobeuse de mouches qui cerne de toutes parts les protagonistes.

 La démonstration est imparable, cyniquement effrayante. Elle interpelle tout citoyen.

Comme David HARE, la metteure en scène Aurélie VAN DEN DAELE n’a pas froid aux yeux, elle signe une mise en scène « coup de poing » spectaculaire !

 Paris, le 11 Janvier 2019

 Evelyne Trân

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