C’est probablement parce qu’il ne tient pas en place et qu’il se projette toujours ailleurs où qu’il se trouve, assiégé par une imagination débordante, que l’homme clown se reproduit sans cesse.
Qui oserait lui assigner une place ? Une chaise est pourtant là sur la scène, gracieuse et solitaire qui n’attend qu’une chose, servir de siège. Il faut croire que dans l’esprit du personnage qui sait si bien rouler des yeux, elle est devenue récif, rocher ou falaise ou même montagne à escalader. Il lui faut une cloison imaginaire, le parapet d’une bouche cousue pour exprimer ses turbulences.
A la fois taureau et toréador, homme et femme, gentil et méchant, humble et fanfaron, il s’estime prêt à affronter toutes les situations, prêtant le flanc et l’oreille aux musiques de films du bout du monde qui merveilleusement enrichissent son périple, son parcours de combattant.
C’est un bolide à réaction que cet homme-là, toujours léché par quelque bruit, quelque sensation, qui avec le temps a dû apprendre à composer avec l’autre homme contemplatif, celui-là, capable d’avancer transi devant une fleur muette.
Doté d’un visage très expressif, l’énergumène crève l’écran d’un film sans paroles, il ourle ses petites vagues vers la haute mer, l’œil derrière le hublot toujours éclaboussé.
Héritier du mime MARCEAU, Guérassim DICHLIEV a beaucoup voyagé, son bâton de pèlerin porte donc l’empreinte d’un voyageur infatigable, le vagabondage délirant auquel il convie les spectateurs est à son image, surprenant, imprévisible, terriblement attendrissant.
A découvrir séance tenante !
Paris, le 17 Juin 2018
Mis à jour le 6 Novembre 2018
Evelyne Trân