
avec John Arnold, Aurélia Arto, Camille Bernon, Bruno Blairet, Camille Cobbi, Thibault Lacroix, Matthieu Marie, Mélanie Menu scénographie Erwan Creff lumières Elsa Revol, assistée de Sébastien Marc costumes Hanna Sjödin, assistée de Camille Lamy musiques Stéphanie Gibert maquillages Pauline Bry, assistée de Emma Razafindralambo Delestre et Margaux Duroux peinture décor Caroline Aouin assistée d’Alice Gauthier construction décor Atelier Jipanco collaboration artistique Margaux Eskenazi régie générale Farid Laroussi régie Laurent Cupif, Michael Bennoun, Thibault Tavernier habillage Emilie Lechevalier, François Ody.
production Théâtre de la Tempête, subventionné par le ministère de la Culture, avec la participation artistique du Jeune Théâtre national
Ils sortent de leur tiroir avec la patine de leurs souvenirs de beuveries et courent vers la scène qui fera tourner le disque de leurs lamentations troussées par leurs fanfaronnades, leurs mensonges avec probablement pour illusion suprême, cette croyance que la vérité peut sortir de leurs gueules de bois.
Ce sont des personnages imaginés par Viripaev, ni plus ni moins, des pantins, des monstres, réfractaires à l’analyse, des bouts de bois balancés dans l’arène, peinturlurés qui ne peuvent apparaitre qu’au théâtre, toute ressemblance avec des personnes réelles étant à exclure.
Sur le tapis de leur damier, ils semblent condamnés à jouer, rejouer ou surjouer des scènes d’ivrognerie, pour la défonce, et leur créateur donne l’impression parfois de les imaginer coincés au fond du tiroir qu’il pousse et tire violemment.
La mise en scène de Clément POIREE, s’attache aux aspects fictionnels, frictionnels des personnages qui ne doivent leur hauteur, leur aplomb que de cette poussière d’illusion permettant de les montrer du doigt, les accuser de manquer de sang, alors que le leur est épaissi par des couches et des couches de pensées sèches ou gluantes comme des peaux de bananes.
Cette frontière entre le vrai et l’impossible renvoie au geste et à l’œil impuissant du spectateur qui aurait la naïveté de pouvoir l’atteindre. Elle est et sera toujours insaisissable.
Mais où se trouve donc la vérité semblent hurler ces pantins. Ne serait-elle pas noyée dans la rivière, ne ferait-elle pas un bruit dans nos estomacs, dans le dépotoir de nos idées reçues et recyclées.
Prenez-nous pour ce que nous sommes, des gusses qui jouent des enivrés qui ont versé dans leur vin le seigneur Dieu, l’amour, le sexe, à chacun ses obsessions après tout ! Nous utilisons le fard de la vérité ivrognesse parce que c’est la condition sine qua non, d’apparaitre au-delà de toute vérité assignée, iriez-vous attenter à notre pudeur de personnages !
Tant pis pour les non-sens, les barbarismes, nous simples spectateurs qui n’avons guère l’occasion d’hurler nos vérités dans la rue, reconnaissons que ces pitres servis par d’excellents comédiens possèdent bien l’art de l’oraison « ivrognesque ».
Oppressant et fabuleux à la fois, le spectacle nous remet la tête à l’envers, avec un zest d’enfance qui nous donne envie de faire parler nos pantins !
Paris, le 15 Septembre 2018
Evelyne Trân