Dans le cadre du focus « Récits de vie  » CLAIRE, ANTON ET EUX, de François Cervantes et du CNSAD, 13 → 16 septembre 2018 – jeudi, samedi 19h – vendredi 20h – dimanche 16h – durée 1h40 – à la Maison des métallos 94 rue Jean Pierre Timbaud 75011 PARIS –

texte et mise en scène François Cervantes
dramaturgie Renaud Ego
création lumière Lauriano de La Rosa
costumes Camille Aït Allouache
régie générale et son Xavier Brousse
régie lumière Bertrand Mazoyer
avec

avec Gabriel Acremant, Théo Chédeville, Salif Cissé, Milena Csergo, Salomé Dienis-Meulien, Roman Jean-Elie, 

Jean Joudé, Pia Lagrange, Sipan Mouradian, Solal Perret-Forte, 

Maroussia Pourpoint, Isis Ravel, Léa Tissier et Sélim Zahrani

production Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique
diffusion L’entreprise – cie François Cervantes

De la naissance à la mort, voici la bulle de savon éphémère qui avant d’éclater doit prendre son souffle et s’exprimer, sachant que seul l’individu qui la supporte la dote de caractéristiques uniques, les siennes.

 Dans le spectacle de François Cervantes et du CNSAD, la fragilité et la force coexistent. La force, il faut bien l’attribuer au pouvoir de l’illusion, celle du théâtre qui tend une tige solide à tous ces ballons qui s’offrent l’écho de leur étonnement d’être plusieurs, sur la même longueur d’onde, celle d’un cri primal spectaculaire, à même la voix, à même la peau.

 Longitude d’un moi collectif, chorégraphie d’un ciel d’oiseaux, de ruche d’abeilles, mur de son, murmures, chuchotements, que seul un même projet peut contenir, celui d’évoquer la diablerie subjective qui sous-tend chaque déclaration.

 Il n’y a pas d’autre hiérarchie que celle d‘un moi existentiel adoubé par les autres parce qu’il s’ajoute à leurs propres désirs d’expression.

 Les conventions du langage jouent le rôle de socle commun, rédhibitoire pour certains car quelque peu rigides, c’est pourquoi les poètes sont tentés par l’inexprimable, le tout confus, le tout rêveur. Pourtant, un message aussi court et simple dans sa formulation, soit-il, dès lors qu’il prend son envol tel un papier lâché dans le vent, peut aussi être capturé par l’imaginaire, et cristalliser n’importe quel fantasme comme un lingot d’or ou de souvenir. Chaque message à délivrer fonctionne comme une masse aveugle dont il faut assumer le poids, et c’est d’ailleurs ce poids tangible, celui d’une histoire personnelle qui va trouver sa place au cœur des toutes les autres histoires, celles qui frémissent comme le feuillage d’un même arbre, dont chaque feuille s’est éprouvée solitaire avant de s’apercevoir qu’elle était environnée de milliers de jumelles.

 Tout individu est évidemment porteur d’une histoire qui le dépasse dont il ne représente qu’un bourgeon parmi tant d’autres. Or dans un monde où l’individu a du mal à trouver sa place autrement qu’en s’opposant à l’autre, en cédant au racisme primaire, en concevant que les autres ne constituent qu’une masse informe, brute, que les chinois, les noirs, les migrants se ressemblent tous menaçant d‘envahir notre territoire, il parait salutaire de rappeler que chaque individu, tel un tournesol, partage le même soleil, la même soif d’existence, que ses racines puisent leur sève de la même terre.

 Le théâtre configure ce tout terrain d’exploration individuelle et collective. Ces récits de vie rassemblés par François Cervantes forgent un melting pot extrêmement sensible, servis par des comédiens étonnants de justesse et d’énergie. Tous s’écoutent portés par la même exaltation, partant d’eux-mêmes pour aller vers les autres, organiser les retrouvailles. « Moi est un autre » disait Rimbaud !

 Et puis dans ce spectacle, la poésie, la fantaisie jouent le rôle de courant d’air qui allège l’atmosphère pour tous ces joueurs de marelle entre ciel et terre.

 Paris, le 14 Septembre 2018

 Evelyne Trân

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