Elles sont si aériennes parfois les pensées des personnages du théâtre de TCHEKHOV, qu’elles donnent l’impression, oui, de fendra l’air, d’être dans le regard de toutes choses à la fois démunies et ouvertes, tiges pensantes de la nature même, elles respirent le sentiment d’être dominées par une soif de vivre inextinguible et d’aimer tout simplement.
Souvent ce sont des âmes ensoleillées, recluses dans l’ombre qui parlent, comme Sonia dans l’oncle Vania amoureuse d’un homme qui ne la voit ni ne l’entend parce que c‘est ainsi il y a des couleurs qui vous emprisonnent comme la laideur chez Sonia.
Le monde est injuste, mais il est possible de se réjouir de n’être qu’une branche parmi les autres branches puisque nous faisons tous partie du même arbre.
Tchekhov ne pense jamais seul, il use juste de sa pelle de soleil. Reconnaissons qu’il a eu de la chance d’avoir pour épouse la médecine et pour maitresse la littérature.
C’est un voyage impressionniste à travers le journal et les correspondances de Tchekhov que nous offre Catherine Salviat.
Elle fait juste sensation comme un arbre qui parlerait, sa voix jaillit du tronc et des oreilles d’un arbre.
C’est une voix battante qui rappelle que toute parole s’inscrit toujours dans un paysage, qu’elle découle d’une ambiance, une atmosphère intime, qu’elle est dans le parcours ce qu’elle a traversé et qu’elle traverse encore.
A travers la comédienne, nous saisit la gaité, l’humour de Tchekhov qui a toujours voulu célébrer la vie et donc les êtres en captant la lumière, celle qui ne renonce pas, celle qui met en valeur les ombres, qui traduit leurs émotions.
Catherine Salviat a une présence toute musicale, ce charme discret des cristaux qu’ensoleillerait la vie rêvée de Tchekhov. Mais qui rêve l’autre ?
Catherine Salviat, porte-parole de Tchekhov, l’est aussi de tous ses personnages qui hantent chaque comédien !
Paris, le 9 Août 2018
Evelyne Trân