LE BORD d’Edward Bond au THEATRE DE L’EPEE DE BOIS – Cartoucherie de Vincennes – Route du champ de manœuvre 75012 PARIS – Représentations : Du 11 au 30 juin 2018 – Du lundi au samedi à 20h30 – Samedi à 16 H –

Auteur Edward Bond
Metteur en scène et Traducteur Jérôme Hankins
Avec Françoise Gazio, Yves Gourvil et Hermès Landu
Assistante mise en scène Aurore Kahan
Scénographie et accessoires Alexandrine Rollin
Costumes Hélène Falé
Création lumière Anne Vaglio
Régie générale Vincent Lengaigne
Production L’outil Compagnie

Larguer les amarres, quel adolescent n’en a pas rêvé ! Jeter l’éponge, changer de vie, claquer la porte du domicile familial parce que les adultes ne se rendent pas compte mais dans leur souci de transmission, ils offrent parfois à leur progéniture, le cadavre de leur passé.

La pièce d’Edward BOND est cruelle, sans aménité. Il y a ce clochard qui fait le mort sur lequel bute Ron, un jeune homme inconscient, il y a cette mère au visage fatigué qui comprend qu’elle doit s’effacer pour que son fils prenne son envol.

Ce cadavre a pris la forme d’un clochard farceur. Il représente l’ironie du sort, parce que c’est tout de même drôle de se dire qu’après avoir bien vécu, en avoir vu de toutes les couleurs, ben oui, on se transforme en mort pour les autres.

Le jeune homme va comprendre qu’il a la mort aux trousses, si ce n’est pas la sienne, c’est peut-être celle de sa mère…

Pour faire entendre le chamboulement qui va s’opérer dans l’esprit du jeune homme décidé à partir, Edward BOND utilise la parabole du porte-monnaie.

Le clochard pénètre dans le foyer familial sous prétexte que Ron profitant de son inertie lui aurait volé son porte-monnaie.

Cette occurrence matérielle, élémentaire, suffit à faire rebondir la mère et le fils qui n’avaient plus grand chose à se dire. La force de vie de l’un et de l’autre se manifeste par leur volonté de ne pas lâcher prise, la mère au nom de ses valeurs d’honnêteté, le fils par orgueil qui refuse d’être suspecté mais est prêt à empocher l’objet de discorde lorsqu’il s’échappe du manteau du clochard.

La chute du porte-monnaie disparu sur le sol va réveiller le cœur du jeune homme. Soudain, il se trouve dévasté par l’angoisse à l’idée de quitter sa mère.

 Toute la signifiance attractive et répulsive d’un quelconque objet renvoie à l’affectivité terrienne de chacun des protagonistes. Pour le clochard ce n’est pas l’objet en lui-même qui compte, c’est son idée et son pouvoir d’illusion.

 Rebrancher les cœurs lorsque les prises ont été arrachées, c’est un peu le message ironique de cette pièce. Le court-circuit opéré par l’intrusion d’un pauvre bougre dans l’intimité d’une mère et son fils, serait salvateur car inattendu. La mère et le fils ne s’attendaient pas l’un et l’autre au pouvoir d’attraction et de répulsion d’un inconnu entre la vie et la mort.

 Il est possible de regretter que l’Etranger n’ait plus à offrir que la face d’un clown mais son rôle dans la pièce est de jouer le fou ou le diable qui ne garderait son masque que pour répandre l’illusion, source de vie.

Trêve de conjectures, il s’agit pour le moins d’une belle pièce d’amour entre une mère et son fils, bouleversante. Le cœur brûle qui est retiré de l’âtre et fume encore. Une page se tourne, il faut l’œil d’un pauvre diable pour comprendre qu’elle est écrite aussi bien devant que derrière.

Cette pièce puissante a manifestement inspiré le metteur en scène et les comédiens qui se partagent la réussite de ce beau tour de magie théâtral !

Paris, le 16 Juin 2018

Evelyne Trân

 

 

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