TOUT VA BIEN SE PASSER – Pièce musicale de Maïa Brami – Mise en scène : Coralie Emilion-Languille, Bruno Fougniès – AU THEATRE DE LA REINE BLANCHE – 2 BIS PASSAGE RUELLE 75018 PARIS – DU 7 AU 23 JUIN 2018 – Du mardi au samedi à 19h – Relâche le 20 Juin 2018 –

Avec : Coralie Emilion-Languille et David Kpossou

Collaboration à la mise en scène : Maïa Brami

Musique originale : David Kpossou

Styliste : Laurence Benoit

Décor : Emanuel Reveillére

Collaborations artistiques : Bouziane Bouteldja, Arnaut Vernet

Productions : Honorine Productions et nopog productions

Il y a des humiliations, blessures aussi bien corporelles que morales qui restent sous silence, sans doute parce que leur divulgation ravive la peine de celles qui les ont vécues.

 Il n’est pas besoin d’être féministe pour s’indigner du comportement brutal ou méprisant de certains médecins à l’encontre des patients.

 Il ne s’agit évidemment pas de généraliser. Pourtant le témoignage d’une patiente qui a eu recours à une P.M.A. procréation médicale assistée, n’a rien d’extravagant. Le sentiment de n’avoir été qu’un morceau de viande entre les mains d’un éminent professeur peut avoir été éprouvé par bien d’autres femmes. Combien d’entre elles pourraient se reconnaître dans cette jeune femme qui monologue presque en apnée comme si elle devait retenir son souffle pour relever le défi de se faire entendre face à l’indifférence, l’insensibilité de praticiens ayant oublié que tout acte médical requiert un minimum de psychologie et d’empathie.

 Depuis des siècles, la femme qui osait réagir et ce faisant devenir porte-parole de celles qui n’avaient pas d’autre choix que se taire, oui, cette femme était traitée d’hystérique et moquée.

 Les corps souffrants ont des choses à dire et cela concerne aussi bien les femmes que les hommes.  Si le témoignage relayé par la plume très sobre et digne de Maïa BRAMI, résonne de façon particulièrement aiguë, c’est qu’il concerne une expérience intime uniquement féminine.

 Il s’élève contre l’ignorance de ces praticiens qui ont fait l’impasse sur ce que bien ressentir le corps d’une femme exposé comme une bête, jambes écartées dans les étriers, avant et pendant la pénétration d’un spéculum dans son vagin.

Prendre la mesure d’une douleur humiliée qui pourrait faire l’objet de ricanements, est devenu l’objectif de toute l’équipe artistique qui accompagne l’étourdissante comédienne Coralie EMILION-LANGUILLE, stupéfiante de maitrise. Chez elle, les mots rejoignent la liquidité de l’air, ils deviennent éléments d’un corps féminin qui a à cœur de manifester ses sensations, celles-là mêmes qui ont été comprimées, bâillonnées lors d’un acte médical brutal.

La mise en scène de Bruno FOUGNIES et Coralie EMILION-LANGUILLE, a ausculté l’espace de façon à donner le plus de champ libre à la respiration de l’interprète qui telle une abeille dansante, répond par la grâce à l’avanie dont elle a fait l’objet.

Et puis il y a ces crêtes de silence sonore, libérées par le musicien David KPOSSOU qui s’accordent discrètement à la voix si claire, si nuancée de la comédienne.

Il est donc possible de dénoncer avec grâce l’innommable ! Observez donc cette femme, comme elle danse, comme elle parle, comme elle vous regarde aussi droit dans les yeux, vous ne pourrez plus ignorer ce qu’un corps de femme veut dire !

Paris, le 8 Juin 2018

Evelyne Trân

 

 

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