ON PURGE BEBE de Georges FEYDEAU – MISE EN SCÈNE Frédéric JESSUA au THEATRE DU LUCERNAIRE – 53 Rue Notre-Dame des Champs 75006 PARIS du 4 AVRIL AU 27 MAI 2018 A 20 HEURES – LE DIMANCHE A 17 HEURES –
FRÉDÉRIC JESSUA OU LÉ O N A R D B O U RG E O I S – TACQ U E T (HORACE TRUCHET)
JULIA MÉVEL (TOTO, ROSE ET MADAME CHOUILLOUX)
NICOLAS STRUVE (BASTIEN FOLLAVOINE)
LUMIÈRE : MARINETTE BUCHY
DÉCOR : FRÉDÉRIC JESSUA
COSTUMES : FANNY VÉRAN – PRODUCTION : COMPAGNIE SIPARKA COPRODUCTION : EN ASSOCIATION AVEC L’OUBLI DES CERISIERS CORÉALISATION : THÉÂTRE LUCERNAIRE, LIEU PARTENAIRE DE LA SAISON ÉGALITÉ 3 INITIÉE PAR HF ÎLE-DE-FRANCE PARTENARIAT : THÉÂTREONLINE
Il y a toujours du plaisir à retrouver FEYDEAU parce qu’il ensoleille de son regard de furet tous ces incidents purement matériels qui parasitent notre quotidien.
Oh diable les préoccupations domestiques ! Pourquoi faut-il que le seul lien qui unisse un couple mal assorti soit sa progéniture !
Empêtrés chacun dans leurs rôles, les personnages de On purge bébé sont désarmants de naturel. Pourquoi donc les juger ?
Monsieur FOLLAVOINE est un brave homme inculte, qui aspire à la prospérité de son entreprise de porcelaine et surtout à sa tranquillité en bon père de famille.
Madame FOLLAVOINE quant à elle déverse son énergie débordante sur le môme, l’enfant Roi, qui justifie son seul rôle dans le foyer, celui de mère.
Le gosse qui a l’âge de raison profite allègrement des dissensions parentales pour imposer sa loi. Il a compris que lui seul faisait débat dans la vie du couple.
« Au secours ! Au secours ! » semble ruminer intérieurement M. FOLLAVOINE lorsqu’il voit apparaitre sa femme en peignoir peu reluisant, avec un seau d’eau sale qu’elle dépose sur son bureau.
« Au secours ! Au secours ! » s’alarme Madame FOLLAVOINE qui s’indigne du manque de réaction de son mari à l’annonce de la constipation du chérubin.
« Au secours ! Au secours ! » hurle l’enfant à qui sa mère veut faire ingurgiter une purge.
Tous ces « Au secours ! » qui n’épargnent aucun des personnages, invités compris, constituent la force dramatique et comique du vaudeville.
Vêtue comme un épouvantail, Isabelle JEANBRAU réussit à faire entendre l’angoisse et le désespoir d’une mère paniquée, tout en restant suavement comique.
Quant à Nicolas STRUVE, il interprète très finement, sans le caricaturer, le brave homme débordé par sa virago d’épouse, à ce point en perte de vitesse qu’il finit par vouloir disparaitre du foyer. Ce qui fut le cas de Feydeau lui-même.
La mise en scène de Frédéric JESSUA souffle le chaud et le froid de ce vaudeville, forçant davantage le trait de la caricature sur les personnages secondaires, Monsieur CHOUILOUX, un militaire venu tester les pots de chambre incassables destinés à l’armée ainsi que sa femme et son amant que sur les principaux.
Entre le bruit et la fureur des bris de pots de chambre, en sourdine s’échappent les terribles plaintes des pauvres essuyeurs de plâtre ! C’est férocement humain et nous sommes reconnaissants à cette mise en scène de mettre en valeur, grâce à l’interprétation des comédiens, tous ces détails intimes qui trahissent les êtres, leurs tics, leurs maladresses, ces défauts qui les rendent pathétiques face aux catastrophes les plus ordinaires.
Animatrice radio sur Radio Libertaire (depuis 2008) . - Chroniqueuse pour le blog
"Théâtre au vent" sur le site Le Monde.fr (de fin 2010 à juin 2019), puis sur le site theatreauvent.com et sur le Monde libertaire.fr (depuis 2019). Auteure avec Jean-Marie Blanche de Francis Blanche, mon père aux Editions Plon (2011) , Auteure du livre Mon cher enfant aux Editions du Net (Septembre 2022) et de Nouvelles radiophoniques aux Editions du Net (Octobre 2022).
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