LE MONTE-PLATS DE HAROLD PINTER – MISE EN SCÈNE ÉTIENNE LAUNAY au THEATRE DU LUCERNAIRE 53, Rue Notre-Dame-Des Champs 75006 PARIS – DU 28 MARS AU 20 MAI 2018 – DU MARDI AU SAMEDI A 18 H 30 – DIMANCHE A 15 HEURES –

MISE EN SCÈNE ÉTIENNE LAUNAY
AS S I S TA NT M I S E E N S C È N E PIERRE-LOUIS LAUGÉRIAS
TRADUCTION MITCH HOOPER, ANATOLE DE BODINAT ET ALEXIS VICTOR
AVEC
BENJAMIN KÜHN  (BEN 1)
SIMON LARVARON  (GUS 1)
BOB LEVASSEUR  (BEN 2)
MATHIAS MINNE  (GUS 2)
CRÉATEUR LUMIÈRE : KEVIN HERMEN
CO M P O S I T E U R : A D R I A N E D E L I N E

Ils sont tueurs à gage comme d’autres seraient facteurs. A vrai dire rien dans leur apparence ne les distingue de quelconques employés. Dans une chambre miteuse, lugubre, deux hommes attendent leur ordre de mission. Ils doivent se tenir prêts à tuer un individu qui leur sera désigné au dernier moment.

Rompus à l’exercice, les deux compères qui ont l’habitude de travailler ensemble, occupent leur temps comme ils peuvent. L’un lit le journal, il semble dominer l’autre qui s’ennuie et erre lamentablement entre la cuisine et les toilettes. Soudain, un bruit tonitruant les sort de leur torpeur, les deux hommes découvrent un monte-plats avec des consignes de menus. Croyant alors être dans le sous-sol d’un restaurant, paniqués, ils se croient obligés de glisser dans le monte-plats le peu d’aliments dont ils disposent.

L’ignorance dans laquelle sont tenus les deux employés qui n’ont d’autre objectif que leur paie prend une dimension catastrophique.
Quelle réponse donner à des ordres absurdes, en l’occurrence, celui de préparer des plats alors qu’ils n’en ont pas les moyens pour un restaurateur inconnu.

Cauchemar, trou noir, il n’y a guère d’issue pour deux aveugles manipulés, confinés dans l’obscurité.

Deux individus pris au piège comme des mouches à l’intérieur d’une immense toile d’araignée, qui se débattent pour rester en équilibre, alors même que les fils invisibles se resserrent de plus en plus, quelle cruelle sensation !

Quel employé n’a pas éprouvé un jour que son travail n’avait pas de sens parce qu’il n’était qu’un maillon d’une chaîne impossible à remonter, parce que conditionné pour obéir, accomplir ses taches, il n’avait pas le droit de penser, de s’interroger sur des ordres venus d’ailleurs, d’une hiérarchie invisible. En prime de son silence, une paie mais aussi un vaste sentiment de frustration.

Quatre comédiens interprètent les rôles de Gus 1, Gus 2, Ben 1, Ben 2 qui apparaissent et disparaissent de la scène divisée en deux plateaux, créant un effet de miroir, de distanciation.

Cette mise en scène originale souligne un sentiment diffus, celui de la précarité de l’existence. A peine le spectateur a-t-il eu le temps de s’intéresser à Gus 1 qu’il disparaît pour faire place à Ben 1 ou plus tard à Gus 2 qui poursuit sa conversation avec Ben 2.

Les va-et-vient constants des personnages, la rapidité de leurs mouvements peuvent soit distraire le spectateur soit produire un sentiment de panique. Il s’agit d’un parti pris du metteur en scène de décrire un état de confusion général. Ce sont les situations – un lit défait, une chasse d’eau qui coule, la coupure de gaz etc.- qui retiennent l’attention du metteur en scène Etienne LAUNAY, plus que la définition des personnages.

Comme si les situations sujettes à l’effet de miroir étaient condamnées à se reproduire mais pas nécessairement de la même façon. Nous voyons trouble, nous nous mettons à douter, et cette idée que nous nous sommes fourré le doigt dans l’œil – ce qui fait mal – nous invite à relever la tête. Combien du Gus et de Ben sommes nous pour faire face à l’ordonnateur invisible ?

Les 4 comédiens qui se partagent les 2 rôles de la pièce, ont la gageure d’accorder leurs gestes, d’être synchro avec leurs partenaires tout en incarnant des personnages qui ne soient pas seulement des silhouettes retranchées dans l’ombre.

Servie par une jeune équipe de comédiens, très dynamique, la pièce d’Harold PINTER offre une brassée d’espérance à une armée de Gus ou de Ben. Quoiqu’il arrive, chacun appelle l’autre.

Paris le 3 Avril 2018

Evelyne Trân

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