texte Victor Hugo
mise en scène Kheireddine Lardjam
collaboration artistique Cédric Veschambre, scénographie et collaboration artistique Estelle Gautier, lumière Victor Arancio, son Pascal Brenot, composition musicale Romaric Bourgeois, vidéo Thibaut Champagne, costumes Florence Jeunet, dessinateur Jean-François Rossi, chorégraphe Bouziane Bouteldja, chargée de production Lucile Burtin
avec Maxime Atmami, Azeddine Benamara, Romaric Bourgeois, Linda Chaïb, Samuel Churin, Étienne Durot, Aïda Hamri, Cédric Veschambre
Comment Victor Hugo, à l’âge de 64 ans, exilé dans l’ile de Guernesey, a-t-il pu se muer en feu follet à travers cette pièce d’une modernité stupéfiante qui contraste avec ses œuvres de jeunesse, drapées de pompe et de lyrisme ?
Etonnamment cette pièce est peu connue du public et Victor Hugo refusa de la faire jouer de son vivant « Mon drame paraitra le jour où la liberté reviendra »
Le héros de la pièce est un gueux libertaire, un petit repris de justice qui n’attend plus rien de la société ni de la religion. Son désir de liberté lui donne des ailes, n’ayant plus foi qu’en lui-même, il s’érige en défenseur « du faible et de l’orphelin », lorsque suite à une cavale, caché dans le recoin d’un appartement, il assiste aux malheurs d’une famille assiégée par les huissiers.
Pour Victor Hugo, il s’agit évidemment de lever le voile sur la puissance de l’argent qui écrase sans états d’âmes ceux qui sont pris aux pièges tendus par des financiers véreux, lesquels se rengorgent d’exister grâce à leur pouvoir sur des faibles, des naïfs, des imbéciles.
L’honnêteté ne peut avoir de prise sur la rouerie humaine. Dès lors seul un filou de la trempe de Glapieu peut prétendre à déjouer les manigances de l’arrogant homme d’affaire Rousseline.
La liberté de ton des personnages, notamment chez Glapieu mais aussi Rousseline, est étonnante. Nous sommes même pris d’un doute, l’auteur est-il vraiment Victor Hugo ?
Sa verve n’a rien à envier au slam d’aujourd’hui. Et le metteur en scène Kheireddine LARDJAM visiblement séduit laisse éclater sa jubilation.
Comment ne pas jubiler de voir un huissier arborer l’apparence, d’un musicien slameur et l’homme d’affaires ridicule avec sa chemise verte couleur perroquet !
On se croirait presque dans une comédie musicale, les comédiens n’hésitent pas à clamer haut et fort leurs sentiments. Il est vrai que Victor Hugo est expert en mélodrame mais cette fois ci, il se révèle particulièrement percutant, c’est un véritable exutoire pour les victimes de l’épaisse fumée noire de l’argent Roi, le capitalisme financier déjà à l’œuvre au 19ème siècle.
Impossible de s’ennuyer dans cette mise en scène haute en couleurs de Kheireddine LARDJAM, le verbe de Victor Hugo souffle sur les différents tableaux de l’histoire pleine de rebondissements rocambolesques, avec une vivacité, une légèreté déconcertante.
Il y a des tirades de Glapieu que nous voudrions faire nôtres à moins que nous préférions celles de Rousseline, également pas piquées des hannetons.
Les comédiens expriment un plaisir évident à participer à cette chevauchée politique et sociale totalement débridée mais fort instructive.
Sous l’’épaisse fumée noire du Roi argent, guettez donc l’apparition du libertaire Glapieu, décidément Victor Hugo nous étonnera toujours !
Paris, le 8 Février 2018
Evelyne Trân
EN TOURNEE :
> 09 mars 2018 à L’arc scène nationale Le Creusot
> 13, 14 et 15 mars à la Comédie de Saint-Étienne
> du 22 mars au 8 avril 2018 au Théâtre de l’Aquarium
> du 27 au 29 mai 2018, Théâtre en mai-Centre dramatique national
de Dijon