Auteur : Bruno George
Mise en scène : Jean-Philippe Azéma
Distribution: Fred Saurel
Il se cache à lui-même sa face d’homme, il a perdu les traces de lui-même, ensevelies par la misère et le temps inexorable qu’il a passé à tricher ou plutôt à jongler avec ses rêves et la sordide réalité.
Sa véritable compagne est la solitude, cynique, terrible. Monsieur Fred Loisel, sdf de son état, abuse d’elle de façon insensée à coups de rasades de vinasse.
Comment sauterait-elle sur ses genoux la réalité, n’est-elle point juste un cliché aux abois, un frottement sur la partition des mimiques de Monsieur et Madame bien élevés, têtes baissées sur leurs portables dans le métro.
Clodo plus vrai que nature, cherchez l’erreur ! Monsieur Fred est une devinette à lui tout seul comme dans ses images d’Epinal qui fourmillent de détails recouvrant la silhouette d’un personnage.
Pas d’attaché de presse pour un clodo ! Je me souviens d’en avoir vu un reculer de frayeur en voyant arriver dans un cocktail un supposé clodo. Le clodo en question avait la besace pleine de poèmes !
« Il ne joue plus la coquette », il est vrai, Fred depuis 3 ans, convaincu qu’il joue son dernier rôle de philosophe alcoolique, de Diogène impénitent !
Il s’est recréé un univers au milieu d’un dépotoir (la mise en scène de Jean-Philippe AZEMA est très éloquente). C’est incroyable comment dans sa cour de miracles, un vieux sac de supermarché peut exprimer à sa façon le désespoir. Rions donc de le fixer tel qu’il est usagé avec ses couleurs flétries.
Ah la belle enseigne ! Ah le beau papier journal qui une fois lu sert de papier toilettes !
Fred fait figure comme le sac de supermarché d’homme usagé, un homme qui a roulé sa bosse mais celle- ci a tellement grossi qu’elle lui fait un peu d’ombre, voilà tout. Nous spectateurs, nous croyons qu’elle va nous empêcher de le regarder ce gueux, crasseux, puant, dégoûtant ! Et pourtant l’innocence est là qui gravite autour du bonhomme, elle a le regard d’une femme qu’il a aimée qu’il aime toujours.
Tendresse ! Au bout du rouleau, l’homme devient un Prince, un heureux magicien, trompe-la-mort.
Une leçon de vie, une leçon de choses délivrées par le dramaturge Bruno GEORGE et son interprète formidable Fred SAUREL qui incarne à discrétion, une idée de l’homme et ses ailleurs, bien au-delà des apparences !
Paris, le 27 Janvier 2018
Evelyne Trân
Il se raconte que si l’aventure se termine à l’Essaion, elle se poursuivrait bientôt au Lavoir Moderne…
Mon écho : https://heureuxlesfeles.wordpress.com/2018/01/15/theatre-les-locataires-du-froid/
Je ne saurais que vous encourager à saisir l’occasion d’une reprise : suivez ça de près !
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