Les Eaux et Forêts – Texte de Marguerite DURAS – Mise en scène Michel DIDYM – AU THEATRE DE LA MANUFACTURE – 12 Rue Baron Louis – NANCY- du 15 au 20 Janvier 2018 puis le 23/01/2018 à SAUMUR (49) LE DOME, le 25/01/18 à NIORT – LE MOULIN DU ROC SCENE NATIONALE – du 2 /02/18 au 03/02/18 à VERSAILLES au THEATRE MONTANSIER –

Avec
Brigitte Catillon (Femme 1)
Catherine Matisse (Femme 2)
Charlie Nelson (Homme)
et le chien Zigou

Dramaturgie François Rodinson
Scénographie Anne-Sophie Grac
Création sonore Philippe Thibault et Gautier Colin
Lumière Olivier Irthum
Costumes Christine Brottes assistée de Éléonore Daniaud
Perruques, coiffures Justine Valence
Confection des marionnettes Amélie Madeline
Collaboration chorégraphique Marie-Françoise Adam
Construction du décor Atelier du Théâtre de la Manufacture
Jean-Paul Dewynter, Jérémy Ferry, Patrick Martin, Stéphane Rubert, Frédéric Stengel, Chloé Zani
Régie générale et plateau Colas Murer
Régie son Gautier Colin et Sophie Aptel

Production
Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture

Comment celle qui a écrit « La douleur » et le scénario de « Hiroshima mon amour » pouvait-elle être drôle à ses heures ? Le sol est toujours mouvant chez Marguerite DURAS. Elle était tous terrains, la preuve s’il en est cette pièce « Eaux et forêts » où malicieusement, elle s’amuse à bombarder de confettis des personnages au fond d’un tableau indémontable, pourquoi pas une croûte au pied la butte Montmartre, ou une reproduction universelle de Paris avec sa tour Eiffel.

Du scrupuleusement banal, il faut juste attendre que vos yeux commencent à cligner car il n’y a rien de plus malfaisant que la banalité, surtout lorsqu’elle prend l’apparence d’un toutou mal élevé qui mord le mollet d’un quidam sur un passage clouté.

Difficile de faire un téléfilm sur une intrigue aussi mince. Mais Marguerite Duras est une sorcière, elle sait bien que l’ennui est le plus grand ennemi de l’homme d’après Baudelaire. L’ennui c’est un gouffre incroyable, un précipice, mais jetez-y un caillou vous l’entendrez chanter. ‘

L’homme mordu est furieux, il regarde d’un mauvais œil la propriétaire de Zigou, le seul personnage à assumer son nom, une passante se mêle à la conversation à couteaux tirés. L’homme découvre qu’il est pris au piège d’une folle qui veut l’emmener tout de go à l’hôpital Pasteur pour le faire vacciner contre la rage.

Le filet tendu par la propriétaire du chien qui n’en est pas à ses premières tentatives, finira par se détendre. Les protagonistes, deux femmes petites bourgeoises esseulées et oisives et l’homme, un grincheux bon vivant s’amadouent en basculant dans le délire comique de leur rencontre absurde et mémorable.

Chacun des personnages au fil de la conversation étanchent leurs états d’âme c’est à dire qu’ils se laissent aller à quelques confidences, juste suspendus à l’idée première comme à Godot chez Beckett, celle de se rendre à l’hôpital Pasteur. Cette urgence-là, faut reconnaitre qu’elle peut bien attendre !

Ce qui importe dans le manège des petites phrases à billes qui bousculent les personnages comme dans un jeu de flipper, ce sont les intonations. A nous le public, de nous demander pourquoi les chansons paillardes du bonhomme hérissent le poil des bonnes femmes. Et comment se fait-il que ce doux prénom de Zigou nous rappelle le verbe zigouiller quelque peu vulgaire.

Il n’y a pas de mots innocents, tout dépend de la bouche qui les prononce et du contexte.Contexte réversible qui passe aussi par le paysage, l’humeur, les souvenirs et les boyaux des personnages.

Et ceux-ci grâce à l’interprétation des comédiens vraiment excellents – Brigitte Catillon qui compose une petite peste sournoise, Catherine Matisse une pauvre bourgeoise laissée pour compte et Charlie Nelson, le pauvre homme coincé entre deux femmes – de banaux deviennent intéressants. Par exemple la petite dame avec son tailleur étriqué marron, certes elle n’est pas terrible et pourtant, pourtant ….

La scénographie est géniale parce qu’elle donne l’illusion d’une carte postale vivante par l’apparition de personnages venus de nulle part, pris dans un tourbillon de flocons de mots qui fondent comme la neige.

C’est cette boule de neige signée Duras que renvoie au public Michel DYDIM avec une mise en scène scintillante, rafraichissante et drôle, pleine d’esprit de malice ; ça pique, ça mouille, ça fait mouche !

Paris, le 21 Janvier 2017

Evelyne Trân

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