mise en scène
Adel Hakim
adaptation
Adel Hakim
et Robert Bouvier
scénographie
Yves Collet
en collaboration avec
Michel Bruguière
création lumières
Ludovic Buter
création son
Christoph Bollmann
assistanat à la
mise en scène
Nathalie Jeannet
direction technique
Bernard Colomb
Quelle gageure de se muer en François d’Assise à une époque telle que la nôtre. Peut-être faut-il être pauvre et impatient pour avoir le temps de s’arrêter et s’éprouver heureux destinataire d’un cadeau du ciel, cette incroyable disponibilité au va et vient de la vie courante. Le bonheur est immatériel, il a cela de humble qu’il touche à la fois terre et ciel et il est à la dérobade ce que représente une miette de pain pour un moineau qui passe du vol à la marche pour la saisir.
Ne pas comprendre, être un instant. Qu’un instant vous ramène à cette suffisance d’être pour soi et par la même avec les autres, ne serait-ce qu’en traversant une rue, c’est ce qu’exprime le François d’Assise de Joseph DELTEIL, avec sa faconde de joyeuse lyre qui sait qu’en déversant sa nappe de trésors devant ses invités, il va les surprendre, voire les gêner.
Déshabillez-vous leur clame-t-il, lestez-vous de vos oripeaux d’angoisses, de votre peur du vide, de votre peur des autres. Nus, vous serez encore là !
Essayez-vous à écouter des gouttes de pluie qui tambourinent sur une casserole. Difficile de se comparer à une casserole ce vulgaire ustensile, mais amusez-vous à la regarder de loin cette casserole, voyez comme elle étincelle, qu’elle tremblote et zut il suffit d’un peu d’eau pour la faire tressaillir !
Par bonheur, le François d’Assise de Joseph Delteil use de plus belles images, il a des mots, des envolées qui miment la création qui se réfléchissent les uns les autres qui s’offrent comme terrain, comme terre-plein à toutes sensations, les plus communes, les plus enfouies.
François d’Assise était un fou, fou de la nature, fou du bonheur de s’ébattre dans un paradis sur terre qu’il savait si peu perceptible. Il pouvait partager ce bonheur avec des oiseaux alors pourquoi pas avec des humains ?
Difficile d’être heureux au milieu de gens qui souffrent. Douleur et joie se mêlent intimement. Histoire de circulation, de courant d’air. Parfois le regard se fige, il a du mal à être entre la vie et la mort, l’œil s’écarquille. C’est tellement banal un œil, savons-nous que dans chaque œil se loge une planète.
Incroyable nature qui se réfléchit dans chaque bras, chaque main, chaque organe ou quelconque regard !
Dans la mise en scène d’Adel HAKIM, l’homme devient l’éclaireur de la nature en friche, toujours à explorer, elle devient belle par désir, il faut lever sur elle aussi sa baguette magique.
Robert Bouvier n’interprète pas François d’Assise, il le multiplie pour partager ce juste moment de grâce avec le public, une rencontre avec un fou de vivre !
Paris, le 10 Décembre 2017
Evelyne Trân