Texte :
Traduction :
Mise en scène :
C’est un phénomène de nature, arithmétique, culturel. A partir de trois individus alignés de façon verticale ou horizontale, tout dépend dans quel sens, avec quelle boussole elle est observée, il est possible de parler de queue humaine. Il importe peu de savoir pourquoi ces individus font la queue, l’évidence est d’ordre vital, il suffit de comprendre que chacun de ces individus ont un intérêt commun à assouvir et qu’une des premières expériences du groupe, pour chacun des membres est d’appréhender sa place à l’intérieur.
Ils se trémoussent, ils représentent à cinq une phrase musicale un peu tordue, ver humain à plusieurs membres, qui se retourne, se renverse, s’écarte de la ligne, revient au point de départ, pour reformer l’accordéon qui soufflera en chœur sur la ligne de départ, le ruisselant bonheur d’avoir été choisi, d’avoir été élu, d’exister sous le projecteur car ainsi l’exige le rayon solaire qui illumine le premier quidam mais jamais le dernier, invisible refoulé dans l’ombre.Même le soleil est injuste, c’est révoltant, pourquoi assaisonne t-il telle plante et pas une autre ? Face à cette injustice qui dure depuis la nuit des temps, il faut tricher, exercer son inventivité, devenir voyou, car la tentation est grande et si humaine d’avoir la première place au soleil.
Israël Horovitz, l‘auteur de cette pièce comico-humaine « Le premier » s’amuse à faire saillir avec truculence, les intempérances de quelques paumés, lesquels stimulés par la pression du groupe, rêvent tous d’être premier et découvrent chacun à leur tour que cette fameuse place de premier est aléatoire, en tout cas pas éternelle.
Être premier s’il n’y a pas les autres, cela n’a pas de sens. Alors il faut composer. Dans cette cour de récréation, pour passer le temps, pour oublier qu’attendre c’est drôlement long, chacun va y aller de sa profession de foi, de mérite, de charisme, d’affirmation de son petit ego.
Le chant du coq aura t-il lieu pour remettre tous ces gens à leur place. L’orgasme du rire tant attendu, celui qui soulage enfin sera t-il au rendez vous ?
L’effervescence des comédiens, leur aplomb, la maestria du metteur en scène, Dimitri Dubreucq, sans aucun doute distrairont les attentes du public, conquis par le sourire moqueur de l’auteur, salutaire rayon de soleil !
Paris, 22 Janvier 2017 Evelyne Trân