avec : Bergamote Claus, Thomas Groulade, Anaïs Virlouvet
Voici sorti d’un rayon de bibliothèque papillonnant, le célèbre livre de Françoise SAGAN, « Bonjour tristesse », direction LA MANUFACTURE ATLANTIQUE à Bordeaux. Inviter un livre à un banquet littéraire, dominical de surcroît, c’est vraiment une superbe idée que défend Frédéric Maragnani , le directeur de la Manufacture .
C’est un bon choix que celui de Bonjour tristesse . Publié en 1954 soit il y a une soixantaine d’années, il fût adapté au cinéma en 1958 par Otto Preminger avec Jean Seberg .
La configuration du banquet permet une mise en espace théâtrale étoilée, c’est à dire que les comédiens peuvent aussi bien évoluer autour des tables que sur une petite scène ou si le lieu le permet au dessus d’un balcon de mezzanine. Les convives ont le choix de piquer le nez dans leur assiette ou de le lever de droite à gauche en se laissant traverser, agripper, solliciter par les voix des comédiens.
Il va sans dire que le menu proposé peut s’inspirer de la substance du livre invité. En ce qui concerne « Bonjour tristesse », pas de charcuterie mais une tarte aux courgettes et anchois, une soupe méditerranéenne, un dessert léger et fondant.
« Bonjour tristesse » est un texte à une voix, celui d’une jeune fille Cécile qui défriche les porte-bonheur et malheur de l’amour sous de multiples facettes, les siennes, celle de son père volage, celles de ses deux maîtresses, l’une mûre, intelligente et dure, l’autre plus jeune mais superficielle.
Cet aspect multi-facial de l’œuvre est fort bien exprimé par la compagnie Du Chien dans les Dents qui a voulu orchestrer à plusieurs voix comme dans une symphonie, la naïveté, la mélancolie, la jeunesse qui émanent des propos de Cécile.
Nous avons été séduits par l’interprétation des comédiens qui rendent hommage à la fraîcheur volubile de cette jeune écrivaine Françoise SAGAN que François Mauriac qualifiait de charmant petit monstre.
Fraîcheur de bon augure pour un roman de jeunesse, d’une étonnante maturité, qui joue des rouages de notre belle vieille langue classique, des jeux d’Eros et Thanatos, l’œil malicieux sous le nuage. Bonjour tristesse !
Paris, le 19 Octobre 2015 Évelyne Trân