Scénographie & Mise en scène : Philippe Georget
Interprétation : Cathy Castelbon
Création lumières : Jérôme Bertin
Création musicale : Charly Mullot
Conception du visuel : Corinne Journo
Chargée d’administration : Mathilde Georget
Ce n’est sans doute pas par hasard que Fabrice MELQUIOT fait des bayous, une région marécageuse de la Louisiane, le paysage mental de Liane qui durant un long poème qui serpente telle une rivière autour des arbres et leurs reflets, se laisse emporter, bercer, sourire en tremblant, en frissonnant, pour s’arracher au vide terrible que représente l’absence de son compagnon.
L’a t-il abandonnée, est-il mort ? Etrange disparition qui évoque une mort flottante, le sourd mystère qu’engrange cette atmosphère humide, vaporeuse et étouffante.
Pourtant Liane essaie de faire surface. Elle est seule, parfois presque recroquevillée au dessus de petites mottes de souvenirs, parfois fantastiques comme l’apparition soudaine de flacons colorés et lumineux offerts, s’imagine Liane, par son amant.
Il y a quelque chose d’animal chez Liane, une sorte de rage amoureuse qui l’empêche de renoncer à l’espoir, le retour de l’amant. Mais elle tourne en rond dans sa chambre et les années passent, les années… Les bayous ont-ils conscience de cette fuite du temps ? Il est terrible quelque part de songer que seule la conscience de Liane luit véritablement. Parce qu’elle entend vivre l’impossible, un amour éternel; elle refuse de faire le deuil, sachant sans doute confusément que le temps fera son travail d’oubli, malgré elle.
L’interprétation de Cathy CASTELBON fait ressentir cette absence charnelle de l’autre, comme si le corps de la jeune femme s’était trouvé amputé d’une part de lui même, et réagissait en aveugle désespéré. Où sont passés les bras, les mains, les caresses de son “petit chou, son tigre”?
Mais elle évite le pathétique, elle est vivante, le corps à l’affût toujours prêt à danser, à chanter pour faire revenir l’amant.
Le décor imaginé par le metteur en scène Philippe GEORGET est particulièrement suggestif. C’est un mât de cocagne dans une pièce circulaire, sorte de nid sylvestre imaginaire qui a la faculté de se déplacer.
C’est surtout un lieu hanté par Liane véritable sœur d’Orphée, son cœur palpite et luit comme les yeux d’une femme à la recherche de son amant. Il est à découvrir à la présence Pasteur où il vibre de toute son ardeur poétique et musicale, passionnément.
Paris, le 16 Juillet 2015 Evelyne Trân